Des rafales de mitrailleuses déchirent le silence nocturne de la Commercial avenue, en plein cœur de Bamenda. Les pétarades d’une moto s’en suivent, et les bruits s’évaporent quelques minutes plus tard. La ville replonge dans son apparente tranquillité. En cette nuit du 19 octobre, la capitale de la région du Nord-Ouest vit ce qui est devenu son quotidien depuis bientôt trois ans : un cycle de violences permanent, masqué par une relative normalité tenue tant bien que mal par les forces de défense qui quadrillent la ville dans des véhicules blindés.
« Villes mortes »
Ici, chaque coin de rue porte les stigmates de la crise qui affecte la partie anglophone du Cameroun depuis 2016. La saison des pluies touche à sa fin. Les terre-pleins herbus et les tas d’immondices qui s’accumulent autour des bacs poubelles achèvent le triste tableau qu’offre cette cité, jadis parmi les plus rayonnantes du pays. Les « lundis villes mortes » sont toujours scrupuleusement respectés et, malgré la levée du couvre-feu, les rues se vident dès 20 heures.