Économie

Marsa Maroc n’arrive pas à percer en Afrique

Après avoir perdu la concession Marsa Maroc du port de Takoradi au Ghana, le groupe marocain n’a pas été retenu pour la gestion du port autonome de Kribi au Cameroun. L’opérateur marocain a besoin d’une internationalisation pour aligner sa rentabilité sur les attentes de ses actionnaires.

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Par - à Casablanca
Mis à jour le 10 octobre 2019 à 15:29

Marsa Maroc gère des terminaux et fournit des services de logistique dans neuf ports marocains. © Marsa Maroc

Marsa Maroc n’a toujours pas réussi à s’internationaliser. Après un premier échec au Ghana et la perte d’un marché pour la gestion du port de Takoradi, Mohamed Abdeljalil, le président de l’opérateur marocain, vient d’annoncer une nouvelle déception.

C’est un coup dur pour Marsa Maroc

Il s’agit de la concession d’un terminal polyvalent au sein du port autonome de Kribi au Cameroun, qui vient de filer entre les mains de Marsa Maroc. Pourtant, l’entreprise faisait partie des cinq opérateurs retenus après le premier tour. Selon Mohamed Abdeljalil, c’est l’offre d’un concurrent, le groupe philippin ICTSI, qui a été jugée meilleure.

« C’est un coup dur pour Marsa Maroc, qui a besoin de s’étendre à l’international. C’est d’un côté ce qu’ils ont promis à leurs investisseurs lors de leur introduction en Bourse, mais aussi parce que ça devient une obligation économique pour l’entreprise », précise un analyste financier de la place casablancaise.

Un marché aléatoire

Mohamed Abdeljalil nous disait d’ailleurs en novembre dernier qu’il est très important de chercher des relais de croissance complémentaires à l’international pour accélérer le développement de la société. « La société s’est fixée pour ambition d’obtenir des concessions sur le continent au cours des prochaines années. Marsa Maroc saisira toute opportunité de croissance qui se présentera au Maroc ou en Afrique », ajoutait le président de l’opérateur marocain.

Ceci dit, il n’est jamais facile de faire face aux poids lourds du secteur, à l’image du néerlandais APM Terminals ou encore du groupe français Bolloré, qui est très présent sur le continent.

Nous dépendons beaucoup des politiques de développement des pays

« Nous investissons dans des infrastructures publiques dans le cadre des partenariats publics-privés. Les projets portuaires ne sont pas très nombreux. Il y en a beaucoup sur le papier, mais il y en a peu qui se concrétisent. Et souvent, il y a peu de projets qui se concrétisent dans les délais prévus. Donc c’est un travail de longue haleine… Nous dépendons beaucoup des politiques de développement des pays et de la manière avec laquelle ils les réalisent », a expliqué le président lors de la conférence de presse.

Marsa Maroc se console à Tanger Med

Mohamed Abdeljalil a tenu à rassurer ses actionnaires et les potentiels investisseurs. Il a promis que Marsa Maroc va poursuivre ses recherches des marchés à travers le continent. « La concrétisation d’un marché peut arriver dans un an, deux ans ou trois ans… mais ce qui est certain, c’est que la recherche va continuer », a-t-il poursuivi.

Au Maroc, Marsa Maroc réussit à remporter la gestion du terminal 3, d’une capacité nominale de 1,5 million d’EVP, au complexe portuaire Tanger Med II où il est en joint-venture avec le néerlandais Eurogate International et Contship Italia.

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La plateforme n’est pas encore opérationnelle, contrairement au terminal 4, géré par APM Terminals. Les équipements nécessaires pour la manutention des navires sont actuellement en construction et devraient, selon le président de Marsa Maroc, arriver avant la fin de l’année. Si l’ensemble, qui sera financé par un recours à la dette privée, est livré à temps, le terminal 3 sera opérationnel au second semestre de l’année prochaine.

De nouvelles perspectives au Maroc

D’autres marchés s’ouvriront au Maroc très prochainement et Marsa Maroc espère remporter la concession de quelques terminaux. La stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030 élaborée par le ministère de l’Équipement en 2011 prévoit la construction de nouvelles infrastructures. Par exemple le port de Safi Grand Vrac, qui devrait normalement être inauguré très prochainement, ou encore celui de Nador West Med, Kenitra Atlantique et Dakhla Atlantique, qui arriveront dans les trois prochaines années.

Quoi qu’il en soit, le premier semestre a été tout de même bon pour le groupe. Le chiffre d’affaires consolidé s’est chiffré à 1,44 milliard de dirhams, soit une progression de 4 % par rapport à la même période de l’année dernière grâce à un volume d’activité plus important durant la première partie de l’année. Le résultat net part du groupe ressort à quelque 343 millions de dirhams, en hausse de 6 % en comparaison avec le premier semestre de l’année écoulée.