Son absence aux côtés de Moïse Katumbi, lors du retour triomphal de l’opposant à Lubumbashi après quatre ans d’exil, en mai dernier, avait été largement commentée. Près de cinq mois plus tard, Salomon Idi Kalonda Della a, finalement, obtenu son passeport.
Le principal conseiller de l’opposant congolais – il est aussi le directeur financier du TP Mazembe, le club de l’ancien gouverneur du Katanga – s’est vu remettre le précieux document lors du séjour de Félix Tshisekedi à Bruxelles, entre les 1er et 5 octobre. Une information confirmée à Jeune Afrique par une source au sein de la présidence congolaise et par des proches de Salomon Idi Kalonda Della.
« Félix Tshisekedi, lors de son séjour à Bruxelles, avait souhaité discuter personnellement avec Salomon Idi Kalonda Della. Cela a été fait », nous a par ailleurs affirmé une source à la présidence, qui a souhaité conservé l’anonymat. C’est à l’issue de cette rencontre que le passeport aurait été remis au conseiller de Katumbi. Une rencontre qui n’a cependant pas été confirmée dans l’entourage du conseiller de Katumbi.
Dans les minutes qui ont suivi la publication de cet article, Salomon Idi Kalonda Della a lui-même confirmé l’information. « Après une longue attente, j’ai enfin reçu mon passeport. Merci à ceux qui m’ont soutenu durant cet exil. Je salue la décrispation politique prônée par le chef de l’État et vais rentrer en RDC bientôt pour y poursuivre la lutte au sein de l’opposition aux côtés de Moïse Katumbi », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Après une longue attente, j’ai enfin reçu mon passeport. Merci à ceux qui m’ont soutenu durant cet exil. Je salue la décrispation politique prônée par le Chef de l’Etat et vais rentrer en #RDC bientôt pour y poursuivre la lutte au sein de l'opposition aux côtés de @moise_katumbi.
— Salomon SK Della (@SalomonKalonda) October 8, 2019
Accusé de posséder une binationalité
Président du Parti national pour la démocratie et le développement (PND) – qui compte douze députés à l’Assemblée nationale et douze élus au sein des assemblées provinciales -, un parti membre de la plateforme Ensemble pour le changement de Moïse Katumbi, s’était vu refuser l’obtention d’un passeport biométrique en raison de doutes sur sa nationalité. Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, de Félix Tshisekedi), l’accusait notamment de détenir une double nationalité. Or, dans les textes, la binationalité est interdite aux citoyens congolais.
À son retour en RDC, Moïse Katumbi, qui avait lui-même dû batailler plusieurs mois avant d’obtenir le document, avait vivement regretté que son principal conseiller en soit à son tour privé. « Priver quelqu’un de son passeport, c’est un crime », avait alors lancé l’opposant. « Salomon est Congolais. Le Congo appartient à tous les Congolais. Il n’y a personne qui détient le titre de propriété pour le Congo. »
Soutien de Félix Tshisekedi
Début juillet, lors de sa visite à Bunia, dans la province de l’Ituri, Félix Tshisekedi s’était inscrit en faux contre ces soupçons de binationalité. « Il est Congolais. Il le droit de rentrer dans son pays », avait lancé le président congolais, lors d’une conférence de presse. « C’est un jeune frère que je connais, il m’a été proche, à un moment donné », avait-il alors ajouté, assurant n’avoir « rien contre lui ».
Bras droit de Moïse Katumbi, Salomon Idi Kalonda Della a été nommé par ce dernier au poste de « conseiller spécial politique » pendant son exil. Mais l’histoire entre les deux hommes datent de plus d’une vingtaine d’années, au cours desquelles les deux hommes ont cheminé ensemble, qu’il s’agisse des domaines économiques, sportifs ou politiques.
Pendant près de neuf ans, Salomon Idi Kalonda Della a notamment été le conseiller de Katumbi lorsque celui-ci était gouverneur du Katanga. Rompu à l’art des négociations discrètes, voire secrètes, cet homme de l’ombre a été de toutes les tractations politiques ou diplomatiques dans lesquelles a été impliqué Moïse Katumbi, en particulier lors du rapprochement avec l’UDPS sous Étienne Tshgisekedi. Le président du PND peut aussi compter sur la base militante de son parti, qui draine des foules dans le sud du pays, et dont il fait profiter son mentor.