Mali : « La CMA quitte le dialogue car IBK ouvre la porte à ceux qui rejettent l’accord de paix »

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé mardi se retirer du « dialogue national inclusif ». Pour justifier ce retrait, Moussa Ag Attaher, le porte-parole des ex-rebelles, accuse le président malien de vouloir « revoir certaines dispositions de l’accord de paix » d’Alger, dont le groupe est signataire.

Patrouille de la Minusma dans la région de Kidal, en décembre 2016 (archives). © Sylvain Liechti/MINUSMA

Patrouille de la Minusma dans la région de Kidal, en décembre 2016 (archives). © Sylvain Liechti/MINUSMA

Publié le 25 septembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Après avoir suspendu leur participation aux comité de suivi de l’application de l’accord de paix, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé mardi son retrait du « dialogue nationale inclusif » initié par le président malien. Les anciens rebelles, qui administrent notamment depuis plusieurs années la ville de Kidal, reprochent au président malien de vouloir ouvrir la porte à une relecture de l’accord de paix signé en 2015 à Alger.

En cause, une phrase d’Ibrahim Boubacar Keïta, prononcée lors de son discours à la nation, le 22 septembre dernier : « Je tiens à réaffirmer l’attachement du gouvernement malien à cet accord, quitte à en discuter certaines dispositions. L’essentiel étant d’en conserver l’esprit. » De fait, la question revient avec instance dans la bouche de plusieurs associations maliennes et partis politiques, notamment lors des débats organisés et retransmis par la chaîne Africable, réputée proche du pouvoir.

Moussa Ag Attaher, porte-parole de la CMA, revient pour Jeune Afrique sur les raisons qui ont conduit les chefs du groupe armé à se retirer du dialogue national et à  suspendre leur participation au comité de suivi de l’accord de paix à Kidal. Il répond également aux attaques portées par le président nigérien Mahamadou Issoufou, qui dénonce la mainmise qu’exerce la CMA sur Kidal, qu’il a notamment qualifié de « sanctuaire du terrorisme », dans un entretien qu’il avait accordé à Jeune Afrique en août dernier. Une inquiétude exprimée également par plusieurs de ses pairs lors du sommet de la Cedeao à Ouagadougou, le 14 septembre.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous suspendu votre participation aux travaux du dialogue national inclusif ?

Moussa Ag Attaher : L’accord de paix et le dialogue sont étroitement liés. Nous venons de finir l’atelier de validation des termes de références du dialogue national inclusif et sommes en train de préparer le déroulement futur de ce dialogue. Et, à notre grande surprise, le président Ibrahim Boubacar Keïta affirme dans son discours à la nation qu’il est possible de revoir certaines dispositions de l’accord.

Nous pensons qu’il y a problème. À la veille du dialogue national inclusif, IBK a ouvert la porte à tous ceux qui ne jurent que par le rejet ou la relecture de l’accord de paix, qui veulent mettre à mal certaines dispositions de cet accord. Nous n’allons pas participer à un dialogue qui aboutira à démonter l’accord de paix, même s’il ne s’agit que de certaines de ses dispositions. Toutes les dispositions de l’accord de paix sont primordiales pour nous et leurs mises en application est notre priorité pour parvenir à un Mali nouveau et en paix.

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