Mali : violences intercommunautaires meurtrières à Tombouctou

Deux fillettes ont été tuées par balle, jeudi à Tombouctou, théâtre d’affrontements inter-communautaires depuis mercredi. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) accuse l’armée malienne d’être à l’origine des tirs.

Des militaires maliens assurant la sécurité à Tombouctou en 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des militaires maliens assurant la sécurité à Tombouctou en 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 20 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Tombouctou, la « perle du désert », connaît depuis mercredi soir un vif accès de tensions intercommunautaires, ont rapporté différentes sources bien informées. « Deux fillettes qui étaient dans un véhicule ont été tuées par des tirs », a dit une source proche du gouvernorat local, sans plus de précision.

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) a confirmé que deux enfants avaient trouvé la mort, tués selon elle par des tirs de l’armée malienne. La CMA a également fait état de plusieurs blessés, de commerces et de maisons pillés et saccagés, ainsi que de voitures et de motos incendiées. Les populations civiles sont « visées sur la base de leur appartenance ethnique », a-t-elle dit.

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Tensions intercommunautaires

La Croix-Rouge et la mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont exprimé leur inquiétude devant ces violences, alors que les tensions sont fréquentes entre les populations sédentaires de la région et les « peaux claires », Touareg et Arabes, accusées d’être responsables de braquages. En avril, une manifestation contre le meurtre d’un jeune chauffeur de car avait dégénéré en scènes de pillage visant les communautés touareg et arabe de la localité proche de Goundam.

Les nouvelles tensions ont éclaté mercredi lorsque des individus non identifiés ont forcé des barrages mis en place par des jeunes de Tombouctou après l’enlèvement, pendant trois jours, de deux des leurs, selon des témoins. « Si l’armée malienne ne peut pas nous sécuriser, nous allons nous sécuriser nous-mêmes. C’est nous les vrais natifs de Tombouctou », a déclaré un jeune manifestant, Younousse Touré, très remonté contre les « peaux claires ».

La CMA a appelé la force de l’ONU à protéger les populations. La Minusma a dit mener des actions sécuritaires avec la police des Nations unies (Unpol) et les forces maliennes.

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Le commissaire de Niono tué

Par ailleurs, dans le centre, à Niono (région de Ségou), un commissaire a été tué par des « manifestants qui l’accusaient d’exactions ». Une partie de la population, déjà remontée contre lui, n’a pas supporté de le voir revenir après deux semaines d’absence, a déclaré un responsable du commissariat de Niono.

« Des manifestants excités ont assiégé le commissariat » pour exiger son départ, a rapporté le ministère de la Sécurité civile. « Une horde d’individus armés de projectiles en tous genres ont saccagé le commissariat et agressé le personnel. Les policiers débordés se sont retirés et, dans leur retraite, le commissaire divisionnaire Issiaka Tounkara, blessé à la tête, a été rattrapé et assassiné par les manifestants », selon le communiqué du ministère.

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« En outre, ces manifestants ont cassé le magasin d’armement, emporté des armes, incendié deux véhicules d’intervention et deux véhicules particuliers appartenant aux policiers », a ajouté le ministère. « Le bilan est de un mort (le commissaire) et 22 blessés, dont un gendarme, et quatre cas graves parmi les policiers. Côté manifestants, un mort et quelques blessés sont à déplorer », selon la même source.

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