Au Maroc, la première biennale de Rabat pour « écrire un nouveau monde »

Pour sa première édition, la Biennale d’art contemporain de Rabat a décidé de jouer la carte des femmes. Des Oudayas, au musée Mohammed VI, en passant par la Villa des Arts, ce sont 63 artistes qui investissent la capitale marocaine jusqu’au 18 décembre.

Ila Bêka & Louise Lemoine – Homo Urbanus Rabatius © Bêka & Partners

Ila Bêka & Louise Lemoine – Homo Urbanus Rabatius © Bêka & Partners

ProfilAuteur_NicolasMichel

Publié le 23 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Nouvel événement dans la riche programmation culturelle marocaine, la première Biennale de Rabat ouvre ses portes le 24 septembre 2019 et les refermera trois mois plus tard, le 18 décembre.

Portée par la Fondation nationale des musées du Maroc, cette manifestation d’art contemporain entend favoriser un dialogue entre les disciplines (arts visuels, architecture, danse, performances, etc.) et ouvrir « une réflexion sur l’urgence de la création, en examinant les raisons, les révoltes, les moments décisifs qui poussent les artistes à passer à l’action et à contribuer à l’histoire. » Le commissaire en charge de cette première édition, Abdelkader Damani, l’a intitulée « Un instant avant le monde ».

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« Inscrire une écriture à Rabat »

« Les Biennales à travers le monde ont toutes des identités fortes, explique-t-il. Celle de Liverpool suit l’évolution de la ville, celle de Dakar n’explorera pas d’autres territoires que ceux de l’art contemporain africain car le Sénégal est la porte d’entrée de l’Afrique. Les endroits où ont lieu les biennales déterminent leur ligne éditoriale. Il s’agit donc pour moi d’inscrire une écriture à Rabat, au Maroc. »

Notre dette est fondamentalement à l’égard des femmes

Pour ce faire, Abdelkader Damani a notamment décidé de célébrer la capitale marocaine comme « artiste invitée » de la Biennale en créant un parcours conçu en fonction de la colorimétrie de la ville (le blanc, le bleu, le brun) et en fonction de ses lieux emblématiques comme le fort Rottembourg (Borj Lakbir), les Oudayas, la Villa des Arts, le musée Mohammed VI d’arts moderne et contemporain…

Les femmes à l’honneur

Mais c’est sans doute un autre axe de la programmation qui devrait marquer les esprits : le choix de n’inviter que des artistes femmes.

« Notre dette est fondamentalement à l’égard des femmes, écrit Damani dans sa note d’intention. Et s’il faut qu’une nouvelle Biennale existe, il va falloir le courage de faire acte, je n’inviterai que des artistes femmes avec l’espoir que cette nouvelle institution demeure fidèle à son moment fondateur. Il ne s’agit pas d’une biennale dont le sujet est la femme pas plus qu’un hymne à un art qui serait féminin comme, hâtivement, les esprits coutumiers des raccourcis voudront aller sans précaution et faire à nouveau de la femme un objet de curiosité. L’ambition est ailleurs. La Biennale est, je l’espère, l’endroit pour proposer une alternative : non plus changer le monde, le transformer ou le pervertir mais prendre la décision d’en écrire un nouveau. »

Feminist Architecture Collaborative - Right of Blood - 2019 - Courtesy du Frac Centre-Val de Loire © Feminist Architecture Collaborative

Feminist Architecture Collaborative - Right of Blood - 2019 - Courtesy du Frac Centre-Val de Loire © Feminist Architecture Collaborative

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Foisonnante création marocaine

Vaste programme pour lequel sont convoquées 63 artistes et collectifs d’artistes, plasticiennes, peintres, cinéastes, vidéastes, chorégraphes, performeuses, chorégraphes, architectes et autres. Le cinéma, la musique et la littérature seront aussi de la fête, avec des projections organisées par la réalisatrice et directrice de la cinémathèque marocaine Narjiss Nejjar, avec un hommage rendu à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, avec une invitation lancée aux auteures autour d’un Parlement des écrivaines.

Une biennale, c’est aussi la greffe d’un corps étranger sur un territoire

« Comment garantir que cela va fonctionner ? Difficile à dire, poursuit le commissaire. Une biennale, c’est aussi la greffe d’un corps étranger sur un territoire. »

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Pour cette fois, le territoire ne s’étendra pas jusqu’à Salé, cette voisine de Rabat souvent laissée pour compte des événements qui se déroulent dans la capitale. Mais la foisonnante création marocaine sera convoquée au Musée Mohammed VI, où une « carte blanche » a été confiée à l’artiste Mohamed El Baz, qui a pour l’occasion invité six artistes de la jeune scène créative pour une exposition collective intitulée « La forêt ».

Budget de 935 000 euros

Financée à 70 % par l’Etat marocain et à 30 % par des fonds privés, cette première biennale de Rabat représente un budget de 10 millions de dirhams (environ 935 000 euros), « soit à peu près 10 % du budget de la Biennale de Lyon », selon Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.

Abdelkader Damani a milité pour que l’entrée des différentes expositions soit gratuite. Quand au catalogue, imprimé en arabe, en français et en tamazight, il sera entièrement réalisé au Maroc.

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