Sécurité
Quartier général de la force conjointe G5 Sahel basée à Sévaré, en octobre 2017. © Flickr / MINUSMA/Harandane Dicko

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Quel avenir pour le G5 Sahel ?

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Politique

Face à l’expansion de la violence terroriste, les chefs d’État de la Cedeao en quête d’une nouvelle approche

Réunis ce samedi à Ouagadougou pour se pencher sur l’avenir du G5 Sahel, les chefs d’État de la Cedeao ont appelé à la mobilisation et la mutualisation des efforts pour enrayer la menace sécuritaire.

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Par et - à Ouagadougou
Mis à jour le 12 novembre 2019 à 15:28

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et Mahamadou Issoufou, lors de la rencontre de la Cedeao, à Ouagadougou le samedi 14 septembre 2019. © DR / G5 Sahel

Le ton était particulièrement alarmiste, samedi 14 septembre, à l’ouverture du sommet extraordinaire de la Commission des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Décidé en juin à Abuja, ce sommet a rappelé l’urgence de ce que le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, qualifie « de péril en la demeure si rien n’est fait ».

« Si la chenille légionnaire ravage nos cultures, les légions terroristes détruisent nos valeurs de coexistence pacifique », a martèle l’ancien ministre tchadien des Affaires étrangères.

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11 500 victimes en cinq ans

Les chefs d'État de la Cedeao rassemblés à Ouagadougou pour le sommet extraordinaire sur la sécurité, samedi 14 septembre 2019. © DR / Cedeao

Les chefs d'État de la Cedeao rassemblés à Ouagadougou pour le sommet extraordinaire sur la sécurité, samedi 14 septembre 2019. © DR / Cedeao

Ce sommet marque un tournant dans l’approche régionale contre les groupes jihadistes

L’Afrique de l’Ouest est confrontée à une dégradation alarmante de la sécurité et à une propagation de la menace vers les pays côtiers. « Avec plus de 2 200 attaques enregistrées au cours des cinq dernières années, qui ont tué 11 500 personnes et entraîné des millions de déplacés dans les zones rurales, ce sommet marque un tournant dans l’approche régionale contre les groupes jihadistes », a insisté l’Ivoirien Jean-Claude Brou, président de la commission de la Cedeao.

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Cantonnée jusque-là au Sahel, la menace terroriste devient un défi régional. Signe de l’importance de la question pour la région, tous les leaders ou presque ont répondu à l’appel de la Cedeao.

Aux côtés du Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et du Nigérien Mahamoudou Issoufou, par ailleurs président en exercice de l’organisation communautaire, l’on avait le Togolais Faure Gnassingbé, le Tchadien Idriss Déby, le Nigérian Mahamadou Buhari, le Libérien Georges Weah, le Béninois Patrice Talon, le Sénégalais Macky Sall et l’Ivoirien Alassane Ouattara. Le nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, à également pris part aux travaux.

À la cérémonie d’ouverture, Roch Marc Christian Kaboré a donné le ton. « La paix et sécurité restent au cœur de nos préoccupations. Désormais, nous sommes tous concernés, aucun pays n’est à l’abri. L’escalade de la violence a provoqué plusieurs milliers de déplacés, au Burkina, au Mali, au Niger, au Tchad. Cela montre que les terroriste étendent leur rayon d’action », a-t-il expliqué.

L’impératif de la coopération

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, vendredi 13 septembre 2019, lors d'une rencontre préparatoire au sommet extraordinaire de la Cedeao sur la sécurité. © DR / Présidence du Burkina Faso

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, vendredi 13 septembre 2019, lors d'une rencontre préparatoire au sommet extraordinaire de la Cedeao sur la sécurité. © DR / Présidence du Burkina Faso

En joignant nos efforts, nous pouvons asseoir des mécanismes de prévention en amont des attaques

Face à la recrudescence des attaques terroristes, la communauté internationale et régionale appelle à presser le pas.

« La coopération en matière de renseignement est un impératif d’intérêt commun pour renforcer nos capacités opérationnelles. Nos efforts seront vains si nous n’accroissons  pas la résilience de nos populations. En joignant nos efforts, nous pouvons asseoir des mécanismes de prévention en amont des attaques qui nuisent à nos efforts », a d’ailleurs plaidé le président burkinabè.

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Un appel à l’action qui semble démontrer une prise de conscience collective. Au cours du huis clos, les dirigeants ouest-africain devraient revoir la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, adoptée en 2013 à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.

Le président Mahamadou Issoufou, lors du sommet de la Cedeao à Ouagadougou, le 14 septembre 2019. © DR / CG5 Sahel

Le président Mahamadou Issoufou, lors du sommet de la Cedeao à Ouagadougou, le 14 septembre 2019. © DR / CG5 Sahel

Nous devons mettre en place un nouveau concept sécuritaire plus large

L’opérationnalisation du système d’information policière, l’échange de renseignement et de dialogue intercommunautaire seront ainsi au menu de leurs échanges.

« Nous devons mettre en place un nouveau concept sécuritaire plus large, tarir les sources de financement du terrorisme comme le trafic drogues et d’armes issues de la crise libyenne pour laquelle nous appelons à un règlement rapide », estime Mahamoudou Issoufou.

Les échanges porteront bien évidemment sur l’avenir du G5 Sahel. Créée en 2014, la structure est particulièrement critiquée. Bien que doté d’une force conjointe de 5 000 hommes depuis deux ans, il n’a pas encore prouvé son efficacité sur le terrain. Certains poussent pour une refonte complète du G5. Interrogé par Jeune Afrique avant l’ouverture du sommet, le chef de l’État du Niger s’était dit favorable « à un renforcement des structures actuelles ». Selon lui, « les critiques qui sont faites au G5 sont injustifiées car la moyen n’ont jamais été donnés ».