Procès du putsch manqué au Burkina Faso : Djibrill Bassolé réaffirme son innocence

Le général Djibrill Bassolé, l’un des principaux accusés dans le procès du coup d’État manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, a dénoncé mardi une procédure engagée contre lui pour des raisons « subjectives et politiciennes ». Ses avocats ont plaidé l’acquittement.

Djibrill Bassolé, ex-ministre de Blaise Compraoré, le 9 mai 2013 à Ankara (image d’illustration). © Cengiz Gumrukcu/AP/SIPA

Djibrill Bassolé, ex-ministre de Blaise Compraoré, le 9 mai 2013 à Ankara (image d’illustration). © Cengiz Gumrukcu/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 20 août 2019 Lecture : 3 minutes.

« Les graves violations de mes droits et les nombreuses manipulations que mes avocats vous ont exposées au cours des débats de ce procès montrent bien, s’il en était encore besoin, que je suis poursuivi, incarcéré et renvoyé devant votre juridiction pour des raisons subjectives et politiciennes qui s’éloignent complètement du droit et qui le méprisent de manière ahurissante », a déclaré d’une voix faible Djibrill Bassolé devant le tribunal militaire. Absent de plusieurs audiences du procès du putsch manqué de 2015 en raison de son « état de santé », le général de gendarmerie (62 ans) s’est vu forcé d’assister mardi à l’ultime plaidoirie de sa défense.

« Les infractions qui me sont reprochées ne correspondent en rien à la réalité des faits (…) et ne reposent sur aucun fondement, ni en droit, ni dans les faits », a-t-il estimé. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, arrêté fin septembre 2015 puis placé en résidence surveillée depuis octobre 2017, encourt la prison à vie pour « meurtres, trahison et complicité d’attentat à la sûreté de l’État ».

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Lors de l’audience du 17 juin, le procureur du tribunal militaire avait requis cette peine contre lui et le général Gilbert Diendéré, qui avait pris la tête de l’éphémère Conseil national pour la démocratie (CND), organe dirigeant des putschistes. « Le traitement du dossier judiciaire en ce qui me concerne a été constamment téléguidé de l’extérieur de la Justice dans l’arbitraire, la démesure et la disproportion », a-t-il ajouté.

« Complot purement politique »

Depuis vendredi 16 août, les avocats de Djibrill Bassolé se sont succédé à la barre pour clamer l’innocence de leur client. Ils ont dénoncé un dossier « sans éléments factuels ». Un de ses avocats, Me Dieudonné Bonkoungou, a de nouveau remis en question l’authenticité des écoutes de conversations téléphoniques supposées entre son client et Guillaume Soro, alors président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Une conversation pendant laquelle deux interlocuteurs élaborent une stratégie pour déstabiliser le pays.

Nous assistons à un jugement politique qui concerne tous ceux qui ont été, à un moment, proches de l’ancien président Blaise Compaoré

Pour Me Mireille Barry, une autre de ses défenseurs, il s’agit également d’un « complot purement politique ». « Nous assistons à un jugement politique qui concerne tous ceux qui ont été, à un moment, proches de l’ancien président Blaise Compaoré », a avancé mi-août l’avocate. Un texte voté par le CNT, l’organe législatif de la Transition burkinabè (2014-2015), avait exclu la candidature de Djibrill Bassolé, portée par la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) à l’élection présidentielle de 2015, en raison de son soutien à la modification constitutionnelle qui aurait permis un troisième mandat de Blaise Compaoré.

État de santé préoccupant

Autre sujet qui aura marqué le procès depuis son ouverture : l’état de santé de Djibrill Bassolé. Dans son mot au tribunal, le général a exprimé sa « gratitude » au président Seidou Ouédraogo « pour les autorisations » que ce dernier a bien voulu lui accorder afin qu’il « accède, à l’extérieur du Burkina Faso, aux soins de santé prescrits par ses médecins traitants ».

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En mars dernier, le prévenu avait bénéficié d’une autorisation d’évacuation en Tunisie, où il avait été soigné pendant deux mois à la polyclinique de Hammamet pour une « tumeur rare » à l’estomac. Il avait ensuite regagné Ouagadougou début mai, avec la promesse d’être évacué en Turquie pour y recevoir des soins appropriés, selon ses avocats. Mais depuis, aucune nouvelle. Les demandes de ses défenseurs étaient restées lettres mortes, malgré les alertes de son entourage sur la dégradation de son état de santé.

Dans un courrier daté du 2 août, le président du tribunal militaire a accusé réception de la demande d’autorisation de voyage de Djibrill Bassolé. « Votre deuxième autorisation [sic] en date du 2 août, suite au dernier rapport médical de mes médecins me permettra, je l’espère vivement, d’accéder enfin à un centre spécialisé dans le traitement de ma pathologie », a ajouté l’ex-chef de la diplomatie burkinabè. Deux mois plus tôt, ses conseils avaient déjà adressé un courrier au président français Emmanuel Macron pour que leur client puisse être soigné dans l’Hexagone.

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