Rwanda : l’absence prolongée du ministre des Affaires étrangères, Richard Sezibera, alimente les fausses rumeurs

L’absence médiatique, depuis près d’un mois, du ministre rwandais des Affaires étrangères, Richard Sezibera, alimente depuis quelques jours les spéculations sur son état de santé. Si des sources rwandaises confirment l’hospitalisation du ministre, Kigali dément formellement les rumeurs d’empoisonnement diffusées dans la presse ougandaise.

Richard Sezibera, ministre rwandais des Affaires étrangères. © Cyril Ndegeya pour JA

Richard Sezibera, ministre rwandais des Affaires étrangères. © Cyril Ndegeya pour JA

Publié le 12 août 2019 Lecture : 3 minutes.

Voilà un mois que le ministre rwandais des Affaires étrangères, Richard Sezibera, n’est plus apparu en public. Son dernier déplacement officiel remonte au 11 juillet, à Londres, pour une réunion ministérielle de préparation du sommet du Commonwealth qui se déroulera à Kigali en juin 2020. Le diplomate de 55 ans avait alors été reçu par le Prince Charles, aux côtés des autres chefs de la diplomatie de l’organisation.

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Utilisateur quotidien du réseau social Twitter, l’homme s’y fait tout aussi discret. Depuis son dernier tweet, le 14 juillet, Richard Sezibera n’a plus montré de signe d’activité sur les réseaux sociaux. Une absence durable qui a fini par générer des rumeurs, en particulier dans certains médias ougandais, dans un contexte où les relations entre Kigali et Kampala sont à couteaux tirés, sur fonds d’accusations mutuelles d’espionnage et de tensions autour de la fermeture temporaire d’un poste-frontière.

Le premier à réagir est le Command Post, un média en ligne proche du pouvoir ougandais. Dans un article publié le 7 août, le site, invoquant des sources anonymes, assure que le ministre rwandais aurait été hospitalisé à Nairobi « dans un état critique », à la suite d’un « empoisonnement » qui aurait été commis « lors d’un dîner à l’ambassade du Rwanda au Royaume-Uni ».

Le média va même plus loin, accusant les services de renseignement rwandais d’être à l’origine de cet « empoisonnement ». Sans étayer cette thèse, le Command Post attribue en effet à Richard Sezibera une approche plus conciliante que celle du régime rwandais envers les groupes d’opposition en exil comme le Rwanda National Congress (RNC) – de l’ancien général rwandais en exil Kayumba Nyamwasa – ou la plateforme P5. Attitude qui, toujours selon le média ougandais, serait à l’origine d’un désaccord entre le ministre et la présidence ainsi que les services de renseignement de son pays.

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Ancien secrétaire général de l’East African Community (EAC) entre 2011 et 2016, ex-envoyé présidentiel du Rwanda pour la région des Grands Lacs, Richard Sezibera a succédé à Louise Mushikiwabo, qui a incarné la diplomatie rwandaise pendant près d’une décennie avant de devenir secrétaire général de la Francophonie.

Autre mobile évoqué par le site ougandais : Richard Sezibera aurait souhaité prôner un rapprochement avec Kampala et ce, alors que les tensions s’accumulent entre les deux pays – qui rivalisent d’accusations depuis plusieurs mois. Repris par un autre média en ligne ougandais, Chimpreport, la rumeur a continué à enfler après sa reprise, sur les réseaux sociaux, par le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo.

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Sezibera est bel et bien hospitalisé

Selon les informations de Jeune Afrique, Richard Sezibera a bel et bien été hospitalisé à Nairobi et serait actuellement en convalescence, sans que son état de santé ne soit préoccupant. Aucune date n’a encore été précisée pour son retour au ministère mais le scénario évoqué par les médias ougandais est catégoriquement démenti par plusieurs sources officielles à Kigali, lesquelles soupçonnent le RNC d’être à l’origine de la rumeur.

Dans un contexte sulfureux entre les deux pays, Kampala accuse régulièrement Kigali d’espionnage. Le 23 juillet, c’est sous ce prétexte que les services ougandais ont procédé à l’arrestation d’une quarantaine de ressortissants rwandais, tous officiellement membres d’une église évangéliste. Le Rwanda, qui proteste depuis plusieurs mois  contre des interpellations et des expulsions jugées arbitraires de ses ressortissants, a demandé des explications. De son côté, le régime de Paul Kagame accuse celui de Yoweri Museveni, l’ancien compagnon de lutte du FPR lorsque ce mouvement était dans le maquis, de soutenir des mouvements d’opposition hostiles à Kigali. Le RNC est notamment accusé de collaborer avec les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FLDR) avec le soutien d’officiels ougandais.

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