L’ancien Premier ministre gabonais, Jean-François Ntoutoume Emane, a eu la désagréable surprise de voir son domicile investi par les forces de l’ordre, jeudi 8 août à l’aube. Interpellé, l’opposant de 80 ans, ancien cadre du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) a ensuite été interrogé pendant plusieurs heures dans les locaux de la police, qui ont prévu de l’entendre à nouveau dès le 12 août.
Contentieux foncier
Selon nos informations, les interrogations des enquêteurs, qui ont également interpellé deux fils de Jean-François Ntoutoume Emane – liés à ses affaires -, ont porté sur un différend immobilier qui l’a opposé à l’État gabonais.
L’ancien Premier ministre, propriétaire terrien, notamment dans le 5e arrondissement de Libreville, avait vendu il y a près de cinq ans un terrain à l’État – via la Caisse des dépôts et consignations (CDC) – pour une somme d’environ 3,5 milliards de francs CFA (5,3 millions d’euros) dans la commune de Mindoube.
Cependant, selon une source proche du dossier, il aurait continué à profiter du terrain, malgré sa vente, et aurait même, selon l’accusation, vendu à nouveau la parcelle, qu’il ne possédait donc plus, à d’autres acheteurs. Sur la base d’une décision de justice, la CDC avait alors dû faire intervenir la police, en mai dernier, afin de récupérer l’usage du terrain.
Arrestation politique ?
Les collaborateurs de Jean-François Ntoutoume Emane au sein de son parti, le Rassemblement des patriotes républicains (RPR), ont aussitôt dénoncé une arrestation politique, en rapport avec ses récentes activités et déclarations politiques aux côtés de l’ex-candidat à la présidentielle, Jean Ping.
L’ancien Premier ministre avait notamment lu, le 2 août dernier, une déclaration de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), appelant à une vacance du pouvoir et estimant le président Ali Bongo Ondimba en incapacité de gouverner. La CNR avait déploré un « état de chaos matériel et moral sur tous les plans » au Gabon.