Kenya : libéré sous caution, le ministre des Finances reste poursuivi pour corruption

Poursuivis pour corruption dans le cadre d’un projet de construction de deux barrages d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars, le ministre kényan des Finances, Henry Rotich, et son numéro deux ont été libérés en attendant leur procès.

Le ministre kényan des Finances, Henry Rotich (à droite) et son secrétaire général (à gauche), lors de leur audience au tribunal de Mililani à Nairobi, le 23 juillet 2019. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Le ministre kényan des Finances, Henry Rotich (à droite) et son secrétaire général (à gauche), lors de leur audience au tribunal de Mililani à Nairobi, le 23 juillet 2019. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Publié le 24 juillet 2019 Lecture : 2 minutes.

Henry Rotich, ministre kényan des Finances, et Kamau Thugge, son secrétaire général, ont été libérés sous caution après avoir plaidé non-coupable aux côtés de quatorze hauts responsables administratifs, mardi devant un tribunal de Nairobi, pour répondre de plus d’une dizaine de crimes financiers. Ils sont notamment poursuivis pour : fraude, abus de pouvoir et encaissement de pots-de-vin.

Selon la presse locale, le président du tribunal a permis la libération du ministre et de son secrétaire général, ce que la loi permet contre le dépôt de 15 millions de shillings en liquide (128 000 euros) ou à défaut, d’un titre de propriété d’une valeur de 50 millions de shillings. Les deux hommes restent poursuivis et sont interdits d’accéder à leur lieu de travail qualifié de « scène de crime », tant que l’enquête est en cours.

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Obtention du marché et processus de paiement « criblés d’irrégularités »

Le ministre des Finances, en poste depuis 2013, s’était présenté de lui-même à la police lundi, peu après que le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji, eut demandé son arrestation et son inculpation, ainsi que celles de 27 hauts responsables administratifs mêlés à ce scandale.

Les deux projets de barrages à l’origine de l’affaire devaient être construits dans l’ouest du Kenya pour fournir de l’électricité et améliorer l’approvisionnement en eau dans un pays souvent frappé par la sécheresse.

Selon Noordin Haji, la conception du projet, l’obtention du marché et le processus de paiement sont « criblés d’irrégularités ». Il a affirmé que l’attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna avait contourné toutes les procédures en place, sans tenir compte des difficultés de l’entreprise qui faisait l’objet d’une liquidation judiciaire et n’avait pas achevé trois autres barrages coûteux.

Trois cadres de CMC di Ravenna figurent parmi les personnes poursuivies. Le chef de la section criminelle de la police kényane, George Kinoti, a indiqué qu’il réclamerait des mandats d’arrêt internationaux contre les accusés italiens, notamment le PDG de la firme, Paolo Porcelli, dont le procureur souhaite demander l’extradition.

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Le contrat prévoyait que le coût total du projet serait de 450 millions de dollars (403 millions d’euros), mais le ministère des Finances avait augmenté ce montant de 164 millions de dollars sans justification adéquate. Quelque 161 millions de dollars avaient déjà été versés, sans que la construction des deux barrages ait commencé. 5,3 millions de dollars avaient aussi été affectés à la relocalisation des riverains touchés par le projet. Mais aucun élément ne prouve des terrains ont effectivement été achetés.

Plusieurs affaires de corruption

Le Kenya a été touché par plusieurs autres scandales de corruption ces dernières années. En 2017, le pays était classé 143e sur 180 dans l’index sur la perception de la corruption établi par Transparency International. En mars 2018, un rapport de l’auditeur général portant sur l’année financière 2015-2016 avait révélé que le gouvernement n’était pas en mesure d’expliquer où étaient passés quelque 400 millions de dollars d’argent public.

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Des dizaines de hauts responsables ont été inculpés depuis 2018 alors que le président Uhuru Kenyatta s’est lancé dans une campagne contre la corruption. Malgré les promesses passées, beaucoup de Kényans continuent à douter de ses intentions.

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