Kenya : le ministre des Finances arrêté pour corruption

Le ministre kényan des Finances Henry Rotich et plusieurs responsables de son ministère ont été arrêtés lundi pour corruption et fraude en lien avec un projet de construction de deux barrages d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars.

Le Kenyatta International Conference Centre, à Nairobi (photo d’illustration). © Jonathan Stonehouse, Flickr

Le Kenyatta International Conference Centre, à Nairobi (photo d’illustration). © Jonathan Stonehouse, Flickr

Publié le 22 juillet 2019 Lecture : 2 minutes.

Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre de la lutte promise par le président Uhuru Kenyatta contre une corruption endémique, dans un pays marqué ces dernières années par plusieurs scandales impliquant la disparition de centaines de millions de dollars d’argent public.

Le directeur des poursuites publiques, Noordin Haji, avait demandé lundi matin l’arrestation et l’inculpation de Henry Rotich et de 27 hauts responsables administratifs, pour fraude, abus de pouvoir, irrégularités financières et autres crimes économiques.

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Henry Rotich, ainsi que son plus proche collaborateur administratif et que le chef de l’agence gouvernementale de l’Environnement, se sont présentés d’eux-mêmes peu après à la police.

« Ils sont en détention et attendent d’être emmenés devant un tribunal », a déclaré à l’AFP le chef de la police kényane, George Kinoti. « Nous cherchons les autres et ils iront tous au tribunal », a-t-il ajouté.

« Irrégularités »

Les deux barrages devaient être construits dans l’ouest du Kenya, afin d’améliorer l’approvisionnement en eau dans un pays souvent frappé par la sécheresse, et de fournir de l’électricité.

Selon Noordin Haji, la conception du projet, l’obtention du marché et le processus de paiement étaient « criblés d’irrégularités ».

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« L’enquête a montré que les responsables gouvernementaux ont bafoué toutes les règles d’attribution des marchés et commis des abus de pouvoir pour s’assurer du succès de leur combine », a expliqué Noordin Haji.

Il a affirmé que l’attribution du contrat à la firme italienne CMC di Ravenna avait contourné toutes les procédures en place, sans tenir compte des difficultés de l’entreprise qui faisait l’objet d’une liquidation judiciaire et n’avait pas achevé trois autres barrages coûteux.

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Trois cadres de CMC di Ravenna figurent parmi les personnes à inculper.

Bruno Le Maire annule sa visite

Le contrat prévoyait que le coût total du projet serait de 450 millions de dollars (401 millions d’euros), mais le ministère des Finances avait augmenté ce montant de 164 millions de dollars sans justification adéquate.

Quelque 180 millions de dollars avaient déjà été versés, sans que la construction des deux barrages ait commencé.

Six millions de dollars avaient aussi été affectés à la relocalisation des riverains touchés par le projet. Mais aucune preuve n’a été trouvée que des terrains ont effectivement été achetés.

« Je suis convaincu que des crimes économiques ont été commis et j’ai donc approuvé leur arrestation et les poursuites à leur encontre », a déclaré Noordin Haji.

« Les personnes que nous inculpons aujourd’hui étaient chargées de protéger l’intérêt public et ont sciemment rompu cette confiance », a-t-il déploré. Henry Rotich avait par le passé nié avoir commis la moindre faute.

Son arrestation a contraint le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, à annuler une visite au Kenya, où il devait rencontrer son homologue kényan mardi.

Le Kenya a été touché par plusieurs autres scandales de corruption ces dernières années. En 2017, le pays était classé 143e sur 180 dans l’index sur la perception de la corruption établi par Transparency International.

En mars 2018, un rapport de l’auditeur général portant sur l’année financière 2015-2016 avait révélé que le gouvernement n’était pas en mesure d?expliquer où étaient passés quelque 400 millions de dollars d’argent public.

Des dizaines de hauts responsables ont été inculpés depuis 2018, le président Uhuru Kenyatta ayant promis de combattre la corruption. Mais, échaudés par les promesses passées, beaucoup de Kényans continuent à douter de ses intentions.

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