Signe de difficiles négociations, d’intrigues internes et d’une situation politique délicate, il aura fallu de longs mois à Alassane Ouattara pour décider des noms des dirigeants de son nouveau parti. Après le congrès constitutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), fin janvier, les instances étaient promises pour le mois de mars. C’était ensuite mai, puis juin. Seuls les 7 900 membres du conseil national et 150 personnalités du conseil politique ont alors été nommés. Il a donc fallu attendre le 11 juillet pour qu’Alassane Ouattara tranche définitivement sur les hommes qui vont constituer le cœur du RHDP – leurs noms ont été rendus publics le 15 juillet.
À moins d’un an et demi de la prochaine élection présidentielle qui s’annonce d’ores et déjà très disputée, le président ivoirien (qui est aussi président du RHDP) a mis sur pied une « machine », assurent plusieurs cadres du parti, dont la mission première sera de mener campagne. Outre le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, le RHDP doit faire face à de nouveaux rivaux : Henri Konan Bédié et son Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a claqué la porte de l’alliance, tout comme Guillaume Soro, l’ancien chef de la rébellion.
Amadou Gon Coulibaly, dauphin présumé
Alors que beaucoup s’interrogent sur le nom du candidat du RHDP à la présidentielle, le parti semble taillé sur mesure pour Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre ivoirien, en qui de nombreux observateurs voient le dauphin d’Alassane Ouattara. Des piliers du Rassemblement des républicains (RDR), l’ex-parti du président ivoirien, ne figurent pas dans cette direction, comme la grande chancelière Henriette Diabaté, le médiateur de la République, Adama Toungara, Amadou Soumahoro, le président de l’Assemblée nationale ou encore Tiémoko Yadé, longtemps considéré comme l’un des financiers du RDR. Président du directoire du RHDP, Amadou Gon Coulibaly sera assisté d’une direction exécutive de 33 membres, une sorte de cabinet, dirigée par un de ses fidèles, Adama Bictogo.
Cet homme d’affaires, chargé ces dernières années de la mobilisation au sein du parti présidentiel, ne fait pourtant pas l’unanimité. En 2017, alors qu’il était le favori pour prendre le secrétariat général du RDR, il avait finalement été écarté au profit de Kandia Camara, la ministre de l’Éducation nationale. Selon les informations de Jeune Afrique, le poste d’Adama Bictogo a été jusqu’au dernier moment très convoité. Le vice-président ivoirien, transfuge du PDCI, plaidait notamment pour que Patrick Achi, également ancien membre de l’ancien parti unique et secrétaire général de la présidence, soit choisi.

Adama Bictogo, dans son bureau le 19 août 2015 à Abidjan. © Olivier pour JA
Adama Bictogo, directeur exécutif
Afin de représenter les anciens membres du PDCI qui ont choisi de se rallier au parti présidentiel, Adama Bictogo travaillera avec un adjoint, Justin N’Goran Koffi. Ce professeur de médecine originaire de Yamoussoukro est également proche du Premier ministre.
Ces instances sont en effet le reflet de numéros d’équilibristes délicats. Des places de choix ont dû être réservées aux alliés de l’ex-RDR d’Alassane Ouattara. Ainsi, parmi les 16 membres du directoire, on trouve Abdallah Albert Mabri Toikeusse, le président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI). Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, les ministres Kobenan Kouassi Adjoumani, Alain-Richard Donwahi, Paulin Claude Danho et Amédé Koffi Kouakou tous ex-PDCI. En revanche, Jeannot Ahoussou-Kouadio, le président du Sénat et Charles Diby Koffi, le président du Conseil économique, social, environnemental et culturel, deux ralliés de la dernière heure, n’occupent pas de poste au sein du directoire.
Un candidat d’ici un an
La direction exécutive du RHDP doit se réunir avant la fin de la semaine, a priori jeudi, à son siège des II Plateaux Vallon. Alassane Ouattara ou Amadou Gon Coulibaly pourraient faire le déplacement pour cette première. Ces prochaines semaines, les coordonnateurs locaux doivent être nommés, après que l’ont été, jeudi 11 juillet, les coordonnateurs régionaux. Restera au nouveau parti présidentiel à se choisir un candidat dans les prochains mois, en vue de la présidentielle de 2020. Il n’a pas été tranché s’il serait désigné lors d’un congrès ou d’une convention.