Guillaume Soro va-t-il réussir à obtenir la présidence l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) ? En étant son actuel vice-président, le poste aurait dû lui échoir pour les deux prochaines années, mais sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne, le 8 février, a tout changé. Depuis, son successeur Amadou Soumahoro fait tout pour le lui ravir, avec le soutien du chef de l’État Alassane Ouattara. Les camps estiment que les textes leur donnent raison.
Soumahoro a officiellement fait acte de candidature à Ouagadougou, fin avril, à l’occasion d’une réunion de la section Afrique de l’APF au Burkina Faso, où il s’était rendu en compagnie de Jeannot Ahoussou-Kouadio, le président du Sénat, expliquant qu’il était désormais le choix de la Côte d’Ivoire. Selon les statuts de l’APF, c’est en effet à Abidjan que doit revenir le poste.
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Lettres de Soro
Guillaume Soro n’a pas tardé à réagir en envoyant des courriers au Québécois François Paradis, président sortant de l’APF, et au Français Jacques Krabal, son secrétaire général. Il y proteste notamment contre le traitement réservé à Ouagadougou au chargé de mission de la section ivoirienne de l’APF, Bassatigui Fofana. Ce député du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire (Raci), proche de Soro, aurait été « empêché de participer » à la réunion et n’aurait pas pu « présenter son rapport d’activité ».
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Soumahoro saisi les instances de l’APF
Amadou Soumahoro a lui aussi saisi les instances de l’APF, notamment en avril pour modifier la composition de la section ivoirienne de l’organisation, dont il devient le président en lieu et place de Soro, tout bonnement éjecté de la section. Une décision acceptée par l’APF, qui place Soumahoro en position de force, et Soro a dénoncé dans un nouveau courrier envoyé le 30 mai.
« Le règlement de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a été violé à plus d’un titre. La constitution d’une nouvelle section ivoirienne de l’APF par mon successeur est, dans ces conditions, irrégulière et illégale en droit ivoirien », écrit-il.
L’@APFfrancophonie complice de démocrature (néologisme)? Qui l’aurait cru? L’@OIFfrancophonie sera destinataire aussi d’une nouvelle saisine. Les avocats sont à l’œuvre car il s’agit de sauver la démocratie à l’@APFfrancophonie @pterrasse @JacqueKabral. pic.twitter.com/1qUB7UZERw
— Guillaume K. Soro (@SOROKGUILLAUME) June 6, 2019
Rencontres
Depuis, plusieurs démarches ont été entamées auprès des présidents d’assemblées nationales du continent. Le 5 juin, Soro a rencontré celle de la République du Congo (RDC), Jeanine Mabunda. Le lendemain, Soumahoro était à Dakar pour s’entretenir avec le Sénégalais Moustapha Niasse, qui, en tant que doyen continental, a été chargé de mener une médiation, selon plusieurs proches de Soro.
« Je ne me suis pas rendu à Dakar pour une quelconque médiation. Cette visite à mon aîné était prévue. Il se trouve que Moustapha Niasse a été sollicité pour donner son éclairage », précise à Jeune Afrique Amadou Soumahoro. « Il n’y a pas de problème entre Guillaume Soro et moi, mais entre Guillaume Soro et l’État de Côte d’Ivoire. La question est de savoir si l’APF estime qu’un individu peut prendre le pas sur un pays. Si les textes le permettent, qu’ils le choisissent, mais ce n’est pas ma position », poursuit-il.
Le nouveau président de l’APF doit prendre ses fonctions lors de la prochaine session de l’institution (5 au 9 juillet à Abidjan). Mais le différend entre Soumahoro et Soro sera d’abord tranché lors de la prochaine rencontre des parlementaires africains de l’APF, à laquelle les deux protagonistes participeront. Initialement prévue les 11 et 12 juin à Rabat, elle a été reportée au 14 et 15 juin.