Grand invité de l’économie RFI/Jeune Afrique – Gilles Dufrénot : « Les investissements directs étrangers ne permettent pas de réduire la pauvreté »

L’universitaire français Gilles Dufrénot, macroéconomiste spécialiste des dettes souveraines, ancien conseiller de deux commissaires chargés des politiques économiques au sein de l’UEMOA, est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique samedi 1er juin sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

Gilles Dufrénot dans les locaux de RFI, à Paris, le 31 mai 2019. © François Grivelet pour JA.

Gilles Dufrénot dans les locaux de RFI, à Paris, le 31 mai 2019. © François Grivelet pour JA.

Julien_Clemencot

Publié le 31 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

Professeur à l’école d’économie de Marseille, chercheur associé au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), l’un des grands think tanks économiques parisiens, Gilles Dufrénot a aussi été de 2004 à 2008 conseiller de deux commissaires chargé des politiques économiques au sein de l’UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

Il est l’auteur en 2018 de l’essai Les pauvres vont-ils révolutionner le XXIe siècle ? qui a notamment reçu le prix Turgot, qui récompense les meilleurs livres d’économie financière de l’année.

  • Zlec
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C’est un modèle qui peut marcher à condition que cela favorise de façon plus importante que par le passé le commerce entre pays africains. Il faut notamment éviter les phénomènes de détournement de commerce (où un pays importe pour ensuite exporter sans transformation vers les autres pays africains en bénéficiant des avantages de la Zlec).

>>> À LIRE – Zone de libre-échange continentale africaine : quels gagnants et quels perdants ?

Il y a des questions importantes sur l’origine des produits à régler. Mais des barrières non tarifaires liés à la bureaucratie, aux frontières à lever pour que les entreprises africaines aient un continent sur lequel exporter.

  • Balkanisation

La part de l’Afrique dans le commerce mondial est très faible, très en dessous de 10 %. Si l’Europe et l’Asie ont une part beaucoup plus importante, c’est d’abord parce que leurs pays commercent entre eux. C’est le commerce intracontinental qui est aujourd’hui l’enjeu de l’Afrique.

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Il faut sortir de cette logique de balkanisation commerciale pour passer à une logique régionale.

  • Commerce

La commerce a pour objectif d’enrichir un pays. Son développement peut avoir des effets structurels et modifier en profondeur la manière d’échanger, les modes de consommation. Il permet aussi de monter en gamme en échangeant non seulement des matières premières, mais aussi des produits manufacturés. Tout ceci est de nature à agir sur le niveau de la pauvreté.

  • Croissance inclusive
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C’est une pièce qui a deux faces. La manière dont on l’aborde habituellement, c’est une croissance bénéfique pour tout le monde, en particulier pour les plus pauvres. L’autre face, c’est le fait que les ressorts de la croissance viennent du continent. La croissance est bénéfique si cela conduit à mettre en place des chaînes de valeur made in Africa. Au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, ce sont encore des croissances de rattrapage.

Aujourd’hui, on a encore un habitant sur deux sous le seuil de pauvreté, donc cela reste une croissance de rattrapage.

  • Investissements directs étrangers

Nous avons fait récemment avec une collègue japonaise une étude sur les investissements directs étrangers, en nous demandant s’ils sont de nature à réduire la pauvreté. Ce qu’on montre, c’est qu’il n’y pas d’effet sur la réduction de la pauvreté, parce qu’il n’y a pas d’effet d’entraînement pour l’emploi local.

Le développement passe par le développement de chaines de valeurs locales, notamment grâce aux PME, et c’est ça qui bénéficie aux populations.

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