
L'ex-président béninois Yayi Boni lors d'une conférence de presse à l'Élysée le 10 novembre 2015. © Francois Mori/AP/SIPA
La maison de l’ancien chef de l’État béninois, Thomas Boni Yayi, qui avait appelé au boycott des législatives du 28 avril et lancé un ultimatum à Patrice Talon, était encerclée par les forces de l’ordre mercredi. Des heurts ont éclaté.
Une vingtaine de policiers étaient postés tout autour du domicile de Thomas Boni Yayi, où se rendaient mercredi 1er mai des figures de l’opposition béninoise pour témoigner de leur soutien.
Parmi eux, l’ex-président Nicéphore Soglo, sa femme Rosine et son fils Galiou, également accompagnés de plusieurs autres opposants, tels que Candide Azannaï ou Éric Houndété. Certains ont quitté le domicile après que les premières échauffourées ont commencé.
Contactée par Jeune Afrique, une source à la présidence a démenti toute intention d’arrêter Boni Yayi, mais a expliqué que ce déploiement policier avait été décidé car l’ancien président « souhaitait organiser une marche surprise dans la ville ».
« Le pouvoir panique »
« Il n’y avait aucune marche prévue aujourd’hui. Le pouvoir panique », répond un cadre de l’opposition présent au domicile de Boni Yayi et joint par JA. Cette même source a fait état de véhicules de l’armée positionnés dans plusieurs écoles du quartier Cadjehoun à Cotonou, où habite l’ancien président.
À la mi-journée, la population s’est rassemblée pour faire barrage aux forces de l’ordre. Elle a brûlé des pneus et lancé des projectiles. En réaction, la police a fait usage de gaz lacrymogènes. L’ancien président est apparu au balcon de son domicile.
Selon des résultats préliminaires, le taux de participation au scrutin a été de 22,99%, a annoncé la Commission électorale nationale autonome (Cena) du Bénin dans la nuit de mardi à mercredi. Depuis 1990, jamais le taux de participation à des élections n’était descendu sous la barre des 50%.
Boycott et ultimatum
L’opposition n’a pas pu participer au scrutin, officiellement pour des raisons administratives. Seuls deux partis proches du pouvoir se sont affrontés, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste. En signe de protestation, les leaders de l’opposition avaient appelé au boycott du scrutin, largement suivi dans le pays.
Mardi, Boni Yayi et Nicéphore Soglo avaient lancé un ultimatum au président Patrice Talon pour annuler ce vote et appelé le peuple « à se défendre ».
« C’est une question de vie ou de mort », avait lancé l’ancien président, qui reste soutenu par la classe populaire du pays. « Talon marchera sur nos corps » avant d’entériner ce nouveau Parlement, avait-il menacé.
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206 incidents
Les deux partis proches du président Patrice Talon qui ont participé à l’élection se partageront les 83 sièges du nouveau Parlement. L’Union progressiste, selon les tendances publiées, totalise 645 214 voix pour 47 sièges probables et le Bloc républicain 502 411 voix pour 36 sièges probables.
La plateforme d’observation de la société civile a fait état de deux morts lors du vote, sur un total de 206 incidents, dont des destructions et incendies de matériel électoral, accrochages entre militants de partis, population et forces de sécurité.
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