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Législatives au Bénin sans l’opposition : les enjeux d’un scrutin inédit
L’appel au boycott lancé par l’opposition a-t-il été entendu ? À la mi-journée, la radio nationale appelait en vain les 5 millions d’électeurs béninois à « accomplir leur devoir de citoyen » et à se rendre aux urnes pour élire leurs 83 députés.
Privée de candidats à la suite d’une révision de la loi électorale, l’opposition avait de son côté appelé ses supporters à ne pas aller voter, en signe de protestation.
Les rues étaient quasiment vides à travers le pays, et l’affluence était faible dans les bureaux de vote. Les « électeurs arrivent au compte-gouttes », reconnaît Kpleli Glele Marius, président d’un bureau de vote de Seme-Podji, région de l’opposant en exil Sébastien Ajavon.
« Nous espérons que dans l’après midi ça sera l’affluence », soupirait-il, alors que seuls une quinzaine de bulletins étaient disposés dans l’urne.
Les urnes désespérément vides
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, dans un bureau de vote de Porto-Novo, la capitale, seuls 5 électeurs s’étaient rendus aux urnes sur les 261 inscrits, quatre heures après l’ouverture des bureaux.
Même constat dans d’autres régions du pays. À Attogon, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Cotonou, les représentants de la Commission électorale nationale (Céna) affirmaient que les électeurs étaient encore au culte, alors que les urnes restaient désespérément vides.
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Dans la région d’Allada, seule une vingtaine d’électeurs s’étaient déplacés en moyenne dans tous les bureaux visités.
Internet très perturbé
Dimanche matin, le pays s’est réveillé sans aucun accès aux réseaux sociaux, une première pour le Bénin. Dans certaines régions acquises à l’opposition (Seme Podji, dans l’Ouemé, ou à Azovè, département du Couffo), tout réseau internet 3G était totalement indisponible à la mi journée.
Selon notre envoyé spécial au Bénin, Internet était par ailleurs inaccessible en milieu d’après-midi à Cotonou.
« Je n’ai pas d’explication », déclarait dimanche matin le porte-parole de la présidence, Wilfried Houngbedji, contacté par Jeune Afrique. Mais plusieurs sources proches du pouvoir interrogées samedi par JA avaient quant à elles évoqué cette hypothèse.
#Bénin: @netblocks confirme la coupure d’accès aux réseaux sociaux le jour des législatives.
— Francois Patuel (@FrancoisPatuel) April 28, 2019
Violation flagrante du droit à la liberté d’expression 1 jour d’élection!
Aidez-nous à documenter la perturbation, cliquez sur https://t.co/tpgGIhA56o
Contre la censure, utilisez 1 VPN pic.twitter.com/oRjYNAXtvl
Aucun débordement majeur
Malgré les craintes de débordement, la situation était relativement calme, et aucun incident majeur n’était à signaler, même si tout le monde restait sur le qui-vive.
À Tchaorou, en revanche, fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, le bureau de vote et les urnes ont été incendiées. Des incidents avaient eu lieu samedi dans cette même ville, entraînant le limogeage du commissaire.
À Banté, dans le fief de l’ancien ministre de Yayi, Komi Koutché, situé entre Dassa et Savalou (Nord), la route avait été bloquée dimanche matin, empêchant les opérations de vote de s’y dérouler normalement.
C’est la première fois, depuis 1990, que l’opposition ne participe pas aux élections.