RDC : Joseph Kabila renonce à imposer Albert Yuma à la primature

L’ancien et le nouveau président congolais se sont de nouveau rencontrés, lundi. Ils ont notamment évoqué ensemble la désignation du prochain Premier ministre. Joseph Kabila, qui proposait initialement le nom d’Albert Yuma, aurait « pris acte » du refus de Félix Tshisekedi, et proposé d’autres noms.

Félix Tshisekedi (à g.) et Joseph Kabila, à Kinshasa, le 24 janvier. © Olivia Acland/REUTERS

Félix Tshisekedi (à g.) et Joseph Kabila, à Kinshasa, le 24 janvier. © Olivia Acland/REUTERS

Publié le 23 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

Désignation du prochain Premier ministre, composition du futur gouvernement et équilibre des forces à l’Assemblée nationale et au sein des autres institutions entre FCC et la Coalition pour le changement (Cach). Voilà, à en croire le Front commun pour le Congo (FCC, la coalition de l’ancien président), l’ordre du jour de la nouvelle rencontre entre  Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, qui s’est déroulée lundi 22 avril – quelques jours après l’arrêt de la Cour de cassation annulant la condamnation à Moïse Katumbi – à la cité de l’Union africaine, où réside l’actuel président de la République.

Selon une source de Jeune Afrique au sein du FCC, Joseph Kabila, qui avait initialement avancé le nom d’Albert Yuma pour prendre le poste de Premier ministre, « a proposé à Félix Tshisekedi d’autre noms pour la primature ». Des noms tenus secrets par les entourages des deux hommes. « Mais tous sont des caciques du FCC, et aucun ne peut être accepté par Félix Tshisekedi », affirme à Jeune Afrique une source très proche de la présidence de la République.

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Trois mois après l’investiture de Tshisekedi, les négociations sur le nom du futur Premier ministre avancent difficilement. Joseph Kabila, « autorité morale » du FCC, fort de la majorité de sa coalition à l’Assemblée nationale et au Sénat, revendique le droit de proposer le nom qui sera finalement choisi par le président congolais.

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« Pressions venues de l’étranger »

Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, lors d'une rencontre lundi 22 avril. © DR / Front commun pour le Congo / Twitter

Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, lors d'une rencontre lundi 22 avril. © DR / Front commun pour le Congo / Twitter

Le nom d’Albert Yuma, le patron de la Gécamines qui avait les faveurs de Kabila, est resté plusieurs jours sur la table. Mais devant le refus catégorique de Tshisekedi, l’ancien président congolais s’est résolu à proposer une alternative.

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« Le président Tshisekedi est soumis à des pressions venues de l’étranger. Des gens qui savent que si Albert Yuma est nommé à la primature, le nouveau Code minier sera rigoureusement appliqué. Et ils ne veulent pas de cela », estime un haut cadre du FCC, sous couvert d’anonymat.

De fait, Albert Yuma, président du Conseil d’administration du géant minier congolais et président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), est un fervent partisan du Code minier promulgué en mars 2018, qui a débouché sur un bras de fer entre l’État congolais et les sept grandes sociétés minières mondiales (Randgold, CMOC et Glencore entre autres).

Si nous sommes une coalition, pourquoi le Premier ministre ne peut t-il pas venir de Cach ?

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Une explication réfutée du côté des proches de Félix Tshisekedi. « Le refus d’Albert Yuma entre dans le cadre du changement voulu par le chef de l’État. Ce changement passe aussi par un changement des personnes. Il faut à ce poste une personnalité neutre, qui ne soit pas handicapée par une mauvaise réputation, comme c’est le cas pour la présidence du bureau de l’Assemblée nationale », assure une source proche de la présidence.

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Un autre cadre de la plateforme dirigée par Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, actuel directeur de cabinet du chef de l’État congolais, n’hésite pas à se faire le relais de l’impatience provoquée par ces blocages : « Si nous sommes une coalition, pourquoi le Premier ministre ne peut t-il pas venir de Cach ? », s’interroge-t-il.

Quels équilibres à l’Assemblée ?

Les équilibres entre les coalitions de Kabila et de Tshisekedi au sein de l’Assemblée nationale devaient également être au centre des discussions. Alors que la crise fait rage entre opposition et majorité parlementaire, qui ne parviennent pas à trouver d’accord sur la répartition des sièges au bureau définitif de l’Assemblée, Félix Tshisekedi avait même convoqué le bureau provisoire de l’Assemblée, accompagné de trois délégués de chaque famille politique. Finalement, la réunion n’a pas eu lieu, et la délégation de parlementaires a été priée de repartir en attendant une prochaine invitation.

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L’opposition, qui réclame un poste de rapporteur ou de questeur, ainsi qu’un poste de rapporteur adjoint ou de questeur adjoint, qu’elle estime « de droit », a annoncé son intention de boycotter l’élection du bureau, prévue mercredi 24 avril.

Un scrutin lors duquel une seule liste sera présentée. La candidature de Henry-Thomas Lokondo, membre dissident du Front commun pour le Congo, qui s’est présenté comme indépendant, a été rejetée lundi en plénière, sur initiative du FCC, qui a présenté la candidature de Jeannine Mabunda Lioko pour la présidence de l’Assemblée.

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