[Tribune] Le modèle mauritanien à l’épreuve de la campagne présidentielle

À quelques encablures du scrutin présidentiel de juin prochain en Mauritanie, on connaît mieux les intentions, faute de programmes détaillés, de la majorité des candidats à la magistrature suprême. Les premiers discours, les premiers meetings, ont donné le ton : le débat sur les questions de fond risque d’être chaud et, si l’on n’y prend garde, cacophonique.

Lors du scrutin présidentiel de 2014 à Nouakchott. © Ahmed Mohamed/AP/SIPA

Lors du scrutin présidentiel de 2014 à Nouakchott. © Ahmed Mohamed/AP/SIPA

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Publié le 17 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

Chaud, car les toutes premières escarmouches à distance, montrent que les protagonistes ne se feront pas de cadeaux. Y compris, semble-t-il, à travers les commérages. Cacophonique, car les innombrables questions d’intérêt national qui sont déjà – et resteront – posées tout au long de la campagne à venir, nécessiteront, non seulement de la méthode pour être intelligibles pour un auditoire pas forcément attentif, mais aussi un certain « capital confiance » de celui (ou celle) qui aura la tâche de les présenter aux électeurs.

Il est une question qui sera, encore cette fois, au cœur des joutes électorales, tant elle est déterminante pour l’avenir du pays. Il s’agit du renforcement de la cohésion nationale qui a constitué, depuis l’indépendance du pays, LA pierre d’achoppement des pouvoirs successifs.

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« Discrimination positive »

Force est de reconnaître, à cet égard, que dès son entrée en fonction, l’actuel régime a pris des mesures fortes dont la prière à la mémoire des morts à Kaédi, en 2009 ; l’indemnisation des victimes du passif humanitaire, l’adoption de textes juridiques plus contraignants en faveur de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles, la création d’une agence Tadamoun (Solidarité) dont l’objectif est clairement affiché: lutte contre les séquelles de l’esclavage, insertion et lutte contre la pauvreté.

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Voulant à son tour, d’entrée de jeu, frapper fort, le candidat à la présidentielle Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazouani a, lors de sa tournée marathon dans tout le pays, annoncé qu’il mettra en œuvre « une discrimination positive » en faveur des couches marginalisées.

Unité et cohésion nationales

Les autres candidats ne manqueront pas, eux aussi, de faire de la question de l’unité et la cohésion nationales, un des thèmes principaux de la prochaine campagne électorale. Ce n’est pas que les autres thèmes, notamment économiques, manqueront à l’appel. Mais sur ce plan, si l’on en croit les toutes dernières conclusions du Fonds monétaire international (FMI), en mars 2019, les principaux indicateurs sont plutôt au vert : une croissance d’environ 3,6% en 2018, une inflation maîtrisée à 3% et un excédent budgétaire, dû à la bonne tenue des recettes fiscales.

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Ces résultats sont à mettre au crédit du régime en place dont les stratégies économiques et sociales ont porté leurs fruits, et continuent de bénéficier de l’appui de ses partenaires. Ils seront difficilement contestables par les adversaires du candidat Mohamed Ould Ghazouani, si l’on sait qu’en général, les principaux arguments avancés pour les réfuter, invoquent justement les rapports des bailleurs de fonds.

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Reste que la cohésion nationale fera encore couler beaucoup d’encre. D’aucuns ne manqueront pas d’affirmer que les tensions sociales ont atteint un pic dangereux, oubliant ou faisant semblant d’oublier, que durant des siècles, la cohabitation pacifique entre les différentes communautés du pays n’a jamais été remise en question, malgré des heurts de temps à autre.

Ce peuple pacifique, de nature non violent, si riche par sa diversité, n’aspire qu’à la paix et la stabilité. Ce que plusieurs observateurs appellent « Le modèle mauritanien », doit perdurer. Pour ce faire, chacun doit jouer sn rôle de manière concrète et s’abstenir de donner des leçons aux autres. Dans un climat de liberté d’expression, les media nationaux, pour être crédibles, gagnent à s’éloigner des futilités et des attaques personnelles. Car, on ne construit pas une démocratie sur les ragots, mais à travers l’éveil des citoyens.

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