Démission d’Abdelaziz Bouteflika : l’Algérie entre espoirs et inquiétudes

Quel rôle l’armée va-t-elle jouer dans la transition qui s’annonce ? Quand l’élection présidentielle aura-t-elle lieu ? La démission d’Abdelaziz Bouteflika signe-t-elle vraiment la fin d’un système ? À l’aube d’une ère nouvelle, Jeune Afrique fait le point sur les grandes questions qui se posent à l’Algérie.

Dans la foule algéroise célébrant la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Dans la foule algéroise célébrant la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Publié le 3 avril 2019 Lecture : 4 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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Abdelaziz Bouteflika n’est plus le président de l’Algérie. La fin d’un règne de vingt années. Les contours de la période charnière qui s’est ouverte mardi soir restent cependant à dessiner. Car si l’annonce du départ du chef de l’État a été accueillie avec enthousiasme, mardi soir, les premières inquiétudes et questions n’ont pas tardé à poindre. D’autant plus qu’après cinq semaines de mobilisation, le peuple algérien a pris conscience de sa force et, au-delà des structures politiques habituelles, n’entend pas se voir priver de son droit de cité.

Après l’ultimatum de l’armée à Bouteflika, exigeant son départ sur-le-champ, une partie de l’opposition algérienne dénonce un « coup d’État militaire déguisé ». Ces craintes sont-elles fondées ? Quel rôle va jouer l’armée algérienne dans cette transition ?

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Plus encore, dans un contexte de soulèvement populaire – pacifique – quelle sera l’option choisie pour la transition ? Faut-il s’attendre à ce que la Constitution soit suivie à la lettre, et que les rênes du pays soient confiées au président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, déjà contesté par la rue ? Le délai de trois mois d’intérim, prévu par la loi fondamentale, sera-t-il suffisant pour organiser une élection présidentielle acceptée par tous ?

Retrouvez ici tous nos articles, pour comprendre les enjeux de la transition qui vient de s’ouvrir en Algérie :

• [Reportage] L’Algérie se réveille sans Bouteflika, pour la première fois en 20 ans

Après un mois de contestation exemplaire, les Algériens se réveillent, pour la première fois en 20 ans, sans Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays mais, la joie passée, n’entendent pas baisser la garde et veulent désormais obtenir le départ de tout le « système » au pouvoir.

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[Réactions] « Acquis immense » ou « coup d’État militaire », la classe politique algérienne partagée

Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre en Algérie, après l’annonce dans la soirée du mardi 2 avril de la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Si la plupart des responsables partisans se sont réjouis de la nouvelle, d’autres ont dénoncé la pression des militaires et appelé à rester vigilant.

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[Décryptage] Comment Abdelaziz Bouteflika a cédé à l’ultimatum de l’armée

La démission d’Abdelaziz Bouteflika de son poste de président, dans la soirée du mardi 2 avril 2019, marque la fin de vingt ans de règne. Elle fait suite à un énième coup de pression de l’armée algérienne, survenu quelques minutes plus tôt, et qui confirme le poids de cette institution dans les jeux de pouvoir algériens.

• [Interview] Démission de Bouteflika : « C’est un coup d’État sous une forme particulière »

Après plusieurs appels du chef d’état-major de l’armée à l’application de l’article 102 de la Constitution, les militaires algériens ont poussé Abdelaziz Bouteflika à quitter sur-le-champ ses fonctions, celui-ci s’exécutant quelques minutes plus tard. Pour le spécialiste de l’armée algérienne Moussaab Hammoudi, il s’agit d’un « coup d’État » qui ne dit pas son nom.

• [Portrait] Abdelkader Bensalah, un pur produit du « système » pour assurer l’intérim de Bouteflika

Après constatation de la vacance par le Conseil constitutionnel puis le Parlement, c’est lui qui doit remplacer Abdelaziz Bouteflika, qui a remis sa démission mardi 2 avril. Portrait d’un fidèle de l’ex-président, à la tête du Conseil de la nation (la deuxième chambre du Parlement) depuis près de dix-sept ans.

[Analyse] La transition se fera-t-elle selon la lettre ou selon l’esprit de la Constitution ?

Le Conseil constitutionnel algérien a acté mercredi 3 avril la vacance du pouvoir, suite à la démission la veille d’Abdelaziz Bouteflika. Les deux chambres du Parlement doivent désormais se réunir pour valider l’intérim confié pour 90 jours au président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Avant une élection présidentielle à la date encore incertaine. Analyse.

[Chronique]  Algérie : qui vivra vendredi verra

Pour éviter les écueils des printemps arabes de 2011, l’inédite voix algérienne doit inventer une… voie algérienne.

[Portrait] Tayeb Belaïz, l’homme qui a validé la démission d’Abdelaziz Bouteflika

Tayeb Belaïz, le président du Conseil constitutionnel, a validé la démission que lui a remise dans la soirée du mardi 2 avril Abdelaziz Bouteflika. Jeune Afrique vous résume dix choses à savoir sur un fidèle de l’ex-président de la République, placé en février par ce dernier à la tête de l’instance.

[Interview] « Gaïd Salah a compris que Bouteflika et ses deux frères sont finis politiquement »

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major, a appelé ce mardi à une sortie de crise par la voie de l’article 102 de la Constitution qui prévoit la destitution du président. Si ces déclarations tranchent avec ses précédentes prises de parole, elles cachent la volonté d’imposer l’armée comme « maître de la prochaine étape », explique à Jeune Afrique le chercheur Moussaab Hammoudi.

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