Démission de Bouteflika : « C’est un coup d’État sous une forme particulière »

Après plusieurs appels du chef d’état-major de l’armée à l’application de l’article 102 de la Constitution, les militaires algériens ont poussé Abdelaziz Bouteflika à quitter sur-le-champ ses fonctions, celui-ci s’exécutant quelques minutes plus tard. Pour le spécialiste de l’armée algérienne Moussaab Hammoudi, il s’agit d’un « coup d’État » qui ne dit pas son nom.

Le général Ahmed Gaïd Salah à l’académie militaire Houari-Boumédiène de Cherchell, en juillet 2018 (image d’illustration). © Anis Belghoul/AP/SIPA

Le général Ahmed Gaïd Salah à l’académie militaire Houari-Boumédiène de Cherchell, en juillet 2018 (image d’illustration). © Anis Belghoul/AP/SIPA

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Publié le 3 avril 2019 Lecture : 4 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

Sommaire

L’appel formulé par l’état-major, dans un communiqué rendu public mardi soir, à « appliquer immédiatement » les articles 7, 8 et 102 de la Constitution prévoyant la destitution du président, a été immédiatement suivi d’effet. Dans la foulée, le président Abdelaziz Bouteflika a présenté officiellement sa demande de démission au Conseil constitutionnel, qui a acté mercredi 3 avril la vacance du pouvoir.

>>> À LIRE – Démission de Bouteflika : la transition se fera-t-elle selon la lettre ou selon l’esprit de la Constitution ?

Si les deux chambres du Parlement doivent désormais se réunir pour valider l’intérim confié pour quatre-vingt-dix jours au président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le temps d’organiser une nouvelle élection présidentielle, l’épisode confirme une nouvelle fois le poids indéniable de la grande muette dans le jeu d’alternance en Algérie.

Moussaab Hammoudi, chercheur doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, qui travaille notamment sur l’autoritarisme en Algérie, analyse pour Jeune Afrique les raisons et les enjeux de l’initiative de l’armée.

Jeune Afrique : La vidéo du chef d’état-major de l’armée lisant le communiqué dans lequel il somme le président de quitter le pouvoir a été retransmis au journal télévisé national. Sur la forme, la méthode de diffusion de ce fameux texte interroge. Pourquoi n’est-ce pas un coup d’État ?

Moussaab Hammoudi : C’est un coup d’État, mais c’est un coup d’État sous une forme particulière. C’est la particularité du régime algérien depuis l’indépendance : c’est toujours un char qui amène le nouveau dirigeant du pays, mais aussi qui lui fait quitter le palais présidentiel. Lors de son arrivée au pouvoir en 1999, Bouteflika avait déclaré dans une interview : « Dîtes aux généraux de me bouffer s’ils le peuvent ». Vingt ans plus tard, l’histoire s’est retournée contre lui.

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