Algérie : « Gaïd Salah a compris que Bouteflika et ses deux frères sont finis politiquement »

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major, a appelé ce mardi à une sortie de crise par la voie de l’article 102 de la Constitution qui prévoit la destitution du président. Si ces déclarations tranchent avec ses précédentes prises de parole, elles cachent la volonté d’imposer l’armée comme « maître de la prochaine étape », explique à Jeune Afrique le chercheur Moussaab Hammoudi.

Saïd Bouteflika (à g.) et le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, le 10 décembre 2018, à Alger. © Anis Belghoul/NewPress PPAGENCY/SIPA PRESS

Saïd Bouteflika (à g.) et le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, le 10 décembre 2018, à Alger. © Anis Belghoul/NewPress PPAGENCY/SIPA PRESS

Publié le 26 mars 2019 Lecture : 5 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Sommaire

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, a appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du président de la République. En effet, si le Conseil constitutionnel suit ses recommandations, cela ouvrirait la voie à une procédure d’empêchement d’Abdelaziz Bouteflika.

>>> À LIRE – Algérie : le général Gaïd Salah appelle à déclarer l’empêchement du président Bouteflika

Lundi 18 mars, le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense soulignait le « sens du patriotisme et du civisme » du peuple algérien, et se disait favorable à ce que « l’Armée nationale populaire demeure, conformément à ses missions, le rempart du peuple et de la nation dans toutes les conditions et circonstances », en plein contexte de contestation du régime Bouteflika. Affirmant que « des solutions existent » face à la crise en cours, il appelait au « sens des responsabilités ».

Éléments d’analyse avec Moussaab Hammoudi, chercheur doctorant à l’EHESS, qui travaille notamment sur l’autoritarisme en Algérie.

 Jeune Afrique : En Algérie, l’armée est officiellement en retrait du politique. Comment interpréter l’appel de Gaïd Salah à appliquer l’article 102 de la Constitution ?

Moussaab Hammoudi : C’est une esquive. Une manière d’afficher un semblant de changement, tout en optant pour un scénario qui arrange le pouvoir. L’application de l’article 102 insinue le maintien de cette même Constitution, et par extension du même régime, alors que la rue demande son changement par la voie d’une assemblée élue.

Cette sortie est une tentative de Gaïd Salah d’écarter une fois pour toute la carte des Bouteflika

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Cette sortie est donc une tentative du chef d’état-major des armées Gaïd Salah d’écarter une fois pour toute la carte des Bouteflika, incluant le président et ses frères, et d’imposer l’armée comme maître de la prochaine étape.

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