Algérie : à Tlemcen, Abdelaziz Bouteflika lâché par son fief historique

Réputée pour être le fief du président Bouteflika et l’épicentre du pouvoir algérien, la ville de Tlemcen, située à quelque 500 kilomètres à l’ouest d’Alger, conteste depuis plusieurs semaines le maintien du statu quo. Reportage.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika priant au mausolée de Tlemcen, en avril 2011. © Sidali Diarboub/AP/SIPA

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika priant au mausolée de Tlemcen, en avril 2011. © Sidali Diarboub/AP/SIPA

Publié le 18 mars 2019 Lecture : 7 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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« On l’a aimé, on l’a vraiment aimé. » Derrière le comptoir de sa boutique de photo, Salim, le visage barré par des lunettes rectangulaires et un front légèrement dégarni, rumine. Il n’a pas encore digéré la dernière lettre d’Abdelaziz Bouteflika, relayée lundi 11 mars par l’agence officielle APS. Dans ce message, le chef de l’État algérien, aux commandes depuis presque vingt ans, a annoncé le report de l’élection présidentielle, initialement prévue pour le 18 avril, et la prorogation de son quatrième mandat.

« Il aurait pu partir la tête haute au bout de son deuxième mandat. Il serait resté dans l’histoire de l’Algérie comme un grand homme. Mais là, il rallonge son quatrième mandat en toute illégalité. C’est pire que s’il avait voulu briguer un cinquième. Je ne m’attendais pas à ça de lui », lâche, dépité, cet ancien partisan qui vit à Tlemcen.

>>> À LIRE – Algérie : les Bouteflika, une famille particulièrement soudée

Dimanche 10 mars, pour la première fois depuis l’ouverture de son magasin, ce trentenaire, père d’une fillette de cinq ans, a baissé rideau. Tout comme les commerces voisins, plongeant le boulevard Imama dans un calme inhabituel. À l’origine de cette grève, un appel à la désobéissance civile contre le maintien d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, relayé sur les réseaux sociaux. « C’est du jamais vu ici. On n’a pas l’habitude de protester. Ce n’est pas une terre de contestation comme Alger, la Kabylie ou encore Ouargla », souligne Salim, en cherchant un cadre photo pour une cliente.

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