Algérie : le Premier ministre Ahmed Ouyahia démissionne, Noureddine Bedoui le remplace

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a présenté lundi 11 mars sa démission au président Abdelaziz Bouteflika, qui a nommé dans la foulée le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui pour le remplacer.

Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Alger en juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Alger en juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

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Publié le 11 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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En recevant la démission du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, « le chef de l’État l’a remercié pour les efforts déployés durant l’exercice de ses fonctions », rapporte une dépêche de l’agence officielle Algérie presse service (APS).

Abdelaziz Bouteflika a ensuite reçu en audience Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra, qu’il a nommés respectivement Premier ministre et vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères. Nouredine Bedoui a désormais à charge de procéder à la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale.

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Le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a par ailleurs rendu visite au président pour lui présenter « un rapport sur la situation sécuritaire au niveau national, notamment au niveau des frontières », relate l’APS.

Ouyahia, deuxième fusible après Sellal

Selon nos informations, Ahmed Ouyahia avait été instruit mardi 5 mars de faire ses cartons et de vider son bureau au Palais du gouvernement, devant lequel s’était tenu vendredi 22 mars un rassemblement de protestation. En fin de journée, le chef du gouvernement avait même chargé sa garde rapprochée de déposer ses affaires personnelles à son domicile. Le lendemain et les jours suivants, il était toutefois revenu dans son bureau pour gérer les affaires courantes et honorer des rendez-vous calés à l’avance.

Le limogeage de celui qui a remplacé le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune en août 2017 intervient au lendemain du retour du président Bouteflika de Genève, où il s’était rendu dimanche 24 février, officiellement pour des « soins médicaux périodiques ».

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La mise à l’écart d’Ahmed Ouyahia, par ailleurs SG du RND (Rassemblement national démocratique), qui constitue avec le Front de libération nationale (FLN) l’ossature de l’alliance présidentielle, intervient également après l’éviction d’un autre proche du président, Abdelmalek Sellal, ex-Premier ministre et qui fût son directeur de campagne lors des présidentielles de 2004, 2009 et 2014. Nommé a nouveau directeur de la campagne du président sortant, Sellal a été évincé de son poste samedi 2 mars, sans aucune explication.

Déjà impopulaire auprès de l’opinion après ses multiples passages à la chefferie du gouvernement, Ouyahia a cristallisé une partie de la colère des Algériens

Déjà impopulaire auprès de l’opinion après ses multiples passages à la chefferie du gouvernement (1995-1998, 2003-2006, 2008-2012, 2017-2019) Ahmed Ouyahia a cristallisé une partie de la colère des Algériens depuis le début des manifestations populaires contre la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat. Ses déclarations publiques après l’annonce de cette initiative, à travers lesquelles il faisait le parallèle entre les marches revendiquant le changement du système en Algérie et le chaos en Syrie et en Libye, ont contribué à attiser encore davantage cette colère et alimenter encore plus son impopularité.

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Ahmed Ouyahia était ainsi l’une des cibles favorites des manifestants, qui n’ont eu de cesse de le brocarder et de réclamer son départ. Symbole du ressentiment à son égard, un drapeau géant du président Bouteflika, qui était accroché à la façade d’un immeuble abritant le siège de son parti à Alger-centre, avait été arraché par des jeunes lors de la marche du vendredi 22 février.

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