[Tribune] Algérie, tu es belle comme un 22 février, tu seras libre comme un 1er mars

Tu es grande comme un 1er novembre, tu es jeune comme un 5 juillet, et dorénavant tu es belle comme un 22 février. Algérie, tu seras libre comme un 1er mars et toutes les journées qui suivront.

Des manifestants faisant face à la police à Alger, vendredi 22 février 2019. © Fateh Gudoum/AP/SIPA

Des manifestants faisant face à la police à Alger, vendredi 22 février 2019. © Fateh Gudoum/AP/SIPA

Anys Mezzaour
  • Anys Mezzaour

    Anys Mezzaour est un écrivain algérien, auteur d’« Entendu dans le silence » (Casbah Editions).

Publié le 1 mars 2019 Lecture : 3 minutes.

Des manifestants contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, vendredi 1er mars à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA
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Démission de Bouteflika : les six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

Confronté à une mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika a annoncé mardi 2 avril sa démission de la présidence de la République. Retour sur ces six semaines qui ont ébranlé l’Algérie et mis un terme à un régime en place depuis vingt ans.

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Entends-tu ? Là, juste là. Ce bruit, ce murmure, ce fracas. Ce vent de liberté qui souffle fort sur toi. Respire-le à pleins poumons. Ce sont des youyous, ce sont des slogans, ce sont des cris, des hurlements de joie, des pieds qui battent le pavé, c’est la liesse de tes filles, de tes fils. C’est ce peuple que tu as enfanté. Maintenant, c’est lui qui accouche de son destin.

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Entends-tu ? C’est ce peuple qu’on a voulu faire te tourner le dos. Mais c’était ignorer tout ce que vous vous êtes donné. Il a souffert, longtemps souffert, puis il t’a libérée et de nouveau souffert sans jamais t’abandonner. Tu l’as comblé de richesses, tu lui as donné ta terre, fertile, puissante, généreuse. Tu l’as éduqué, instruit, guidé.

Entends-tu ? Ce sont les murs de tes palais qui tremblent. C’est le vernis de leurs dorures qui craque. Ce sont leurs lustres qui vacillent. Ce sont leurs grilles qui s’ouvrent pour laisser pénétrer les cortèges populaires. est leur place, dans la grandeur, pour admirer les portraits de leurs héros, de leurs martyrs.

C’est notre Nation que nous nous approprions

Entends-tu ? C’est ton hymne que nous chantons, c’est ton drapeau qui flotte, qui fouette l’air fièrement, ce sont tes chaînes que nous brisons.

Entends-tu ? Ce sont tes filles, tes femmes, tes vieilles, tes garçons, tes hommes, tes vieux, tes enfants, tes couples, tes familles, c’est notre union, c’est notre Nation que nous nous approprions enfin.

C’est la peur qui s’en va, c’est le silence qui se tait, c’est la lumière qui revient. Sous nos pieds, à chaque pas, renaît la dignité

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Entends-tu ? C’est la peur qui s’en va, c’est le silence qui se tait, c’est la lumière qui revient. Sous nos pieds, à chaque pas, renaît la dignité. Dans nos cœurs revient l’espoir, l’honneur désavoue l’infamie et la honte laisse place à la fierté. La fierté d’être Algérien, d’hériter de ton histoire et de ta terre, la fierté de continuer l’œuvre de nos ancêtres, la fierté de rendre hommage à nos morts qui sourient tendrement en nous regardant de là où ils sont.

Entends-tu ? Le peuple libéré, partout rassemblé, criant sa volonté. Il impose, par milliers, par millions, sa présence attendue. Il réclame ses droits en exerçant son devoir le plus vif : s’indigner. Calmement, pacifiquement, il triomphera comme il l’a toujours fait. Et toi, courageusement, tu l’aideras. Car quand il manifeste pour lui, il manifeste pour toi.

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La renaissance algérienne tant espérée est

Entends-tu ? Ils reviennent. Ces cohortes de jeunes qui partaient, te tournant le dos à contrecœur, les larmes aux yeux et la gorge nouée, en quête d’élévation que tu es en mesure de leur offrir maintenant. Ils reviennent. Nos frères adorés, ton visage le plus beau et le plus innocent. Ils reviennent.

Entends-tu ? Ce sont tes journalistes, tes médecins, tes avocats, tes étudiants, tes architectes, tes artistes, oui tes artistes, qui entonnent le chant de la patrie. Ces générations que tu as formées, elles sont là aujourd’hui pour te relever sous le soleil et la bannière.

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Entends-tu ? C’est l’Histoire que tu retrouves, ce sont les nations qui te regardent, c’est le monde qui t’admire.

Entends-tu ? C’est la mobilisation de tous, c’est la convergence des protestations, c’est la grande fête de la fraternité. On y chante ta gloire et on célèbre la renaissance. La renaissance algérienne que nous avons tant espérée, tant attendue, est là. À portée de main. Saisissons-la !

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