Présidentielle au Sénégal : la malédiction du second tour

Au cours des trois dernières décennies, le Sénégal a connu sept élections présidentielles pluralistes. Si la réélection au premier tour du président sortant a été la règle, les rares scrutins à deux tours ont été synonymes d’alternance.

De gauche à droite : Issa Sall, Ousmane Sonko, Macky Sall, Idrissa Seck et Madicke Niang. © Photomontage / Photos : REA / Sipa / Jeune Afrique

De gauche à droite : Issa Sall, Ousmane Sonko, Macky Sall, Idrissa Seck et Madicke Niang. © Photomontage / Photos : REA / Sipa / Jeune Afrique

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Publié le 24 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Dans un bureau de vote à Fatick, lors du premier tour du scrutin pour la présidentielle 2019 au Sénégal. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique
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Présidentielle au Sénégal : un « coup KO » réussi pour Macky Sall

La Commission nationale de recensement des votes a proclamé le jeudi 28 février Macky Sall vainqueur au premier tour de la présidentielle. Le président élu a aussitôt annoncé « tendre la main » à l’opposition, dont ses quatre adversaires avaient renoncé à contester les résultats devant le Conseil constitutionnel.

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Depuis des mois, les partisans de Macky Sall le claironnent : au soir du 24 février, ils célébreront le « Tako kélé » (« un coup KO ») de leur champion. Il est vrai qu’au Sénégal, on est habitué de longue date à connaître le nom du futur président dès le premier tour.

De 1960 à 1973, rien d’étonnant à cela puisque Léopold Sédar Senghor était l’unique candidat en lice. Mais depuis 1978, sept scrutins pluralistes ont eu lieu : à cinq reprises, le président sortant a été réélu dès le premier tour. Revers de la médaille, les deux seules occasions où l’occupant du Palais de la République a été mis en ballotage, il a dû s’incliner au second tour. Rétrospective.

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2012 : Macky Sall prive Abdoulaye Wade d’un troisième mandat

Macky Sall, le 27 février 2012 à son domicile à Dakar. © Emilie Régnier pour Jeune Afrique.

Macky Sall, le 27 février 2012 à son domicile à Dakar. © Emilie Régnier pour Jeune Afrique.

Lors de la dixième élection présidentielle du pays depuis l’indépendance, le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, brigue un troisième mandat contraire à l’esprit de la Constitution, qui limite désormais à deux le nombre de mandats successifs. Dans la rue, la mobilisation citoyenne provoque une campagne sous haute tension.  

Face à lui, treize candidats unis par un pacte informel : « Tout sauf Wade ! » Au soir du premier tour, le 26 février 2012, Abdoulaye Wade arrive en tête avec 34,8 % des suffrages. Macky Sall, qui fut longtemps son  protégé avant de tomber en disgrâce et de fonder son propre parti, l’Alliance pour la République (APR), sort du lot, devançant Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck (26,58 %).

Le 25 mars 2012, Abdoulaye Wade ne parvient pas à dépasser son score du premier tour (34,20 %). Soutenu par l’ensemble des candidats malheureux, Macky Sall s’impose haut la main (65,8 %), offrant au pays sa deuxième alternance.

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2007 : Abdoulaye Wade réélu dans un fauteuil

Abdoulaye Wade lors de sa première apparition publique à Dakar dans le cadre de la campagne électorale de 2012, le 7 Février 2012 à Dakar. © Jessica Vieux/ JA

Abdoulaye Wade lors de sa première apparition publique à Dakar dans le cadre de la campagne électorale de 2012, le 7 Février 2012 à Dakar. © Jessica Vieux/ JA

Abdoulaye Wade, le fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS), se présente pour un second mandat. Il fait face à quatorze candidats, dont l’un de ses fils spirituels, qu’il a formé depuis son plus jeune âge : Idrissa Seck, désormais à la tête de son propre parti, Rewmi. Le leader du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, et celui de l’Alliance des forces de progrès (AFP), Moustapha Niasse, sont eux aussi de la partie.

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L’élection prend fin dès le premier tour, avec une large victoire d’Abdoulaye Wade (55,90 %), qui devance largement Idrissa Seck (14,92 %) et Ousmane Tanor Dieng (13,56 %).

2000 : Abdoulaye Wade impose l’alternance

Le socialiste Abdou Diouf est candidat à sa réélection pour un quatrième mandat. Dans le même temps, l’éternel opposant libéral, Abdoulaye Wade, dont c’est la cinquième candidature, fait campagne en promettant le « Sopi » (« Changement » en wolof).

Pour la première fois de l’histoire du Sénégal, un président sortant est mis en ballotage. Au premier tour, Abdoulaye Wade récolte 31 % des voix, Abdou Diouf 41,3 %. Le 19 mars 2000, Abdoulaye Wade l’emporte avec 58,49 % des suffrages, mettant fin à quarante années de règne socialiste. Le Sénégal connaît sa première alternance

1993 : troisième mandat pour Abdou Diouf

Telle une routine, la présidentielle de 1993 prend fin au premier tour, avec la réélection d’Abdou Diouf. Face à sept candidats dont Abdoulaye Wade ou Landing Savané, le socialiste l’emporte confortablement, le 21 février, avec 58,40 % des suffrages. Il devance Abdoulaye Wade, plébiscité par 32 % des électeurs.

1988 : Abdou Diouf rempile

Comme ce fut le cas en 1983, et comme ça le sera encore en 1993 -, le président socialiste remporte une victoire sans appel dès le premier tour. L’élection, qui se joue à quatre candidats, est largement favorable au sortant, qui est réélu avec plus de 73 % des voix.

1983 : Abdou Diouf conforté

Le socialiste Abdou Diouf, qui a succédé à Léopold Sédar Senghor en 1981, après la démission du président-poète, est conforté à la tête de l’État par les Sénégalais, qui sont 83,45 % à lui faire confiance dès le premier tour. Pour sa deuxième candidature, Abdoulaye Wade doit se contenter de 14,79 % des suffrages.

1978 : l’heure du choix

Depuis l’indépendance, en 1960, l’élection présidentielle se jouait avec un candidat unique : Léopold Sédar Senghor. En 1978, pour la première fois, les Sénégalais sont amenés à choisir entre plusieurs candidats. Face à Senghor, Abdoulaye Wade inaugure une longue série de candidatures malheureuses. Léopold Sédar Senghor est élu dès le premier tour avec 82,20 % des voix.

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