Sénégal – Mamadou Diop Decroix (AJ-PADS) : « Idrissa Seck est soutenu par tous ceux qui aspirent à un changement de politique »

Soutien de dernière minute d’Idrissa Seck, l’opposant Mamadou Diop Decroix, secrétaire général d’And Jëf-PADS et proche d’Abdoulaye Wade, veut croire à une vraie dynamique autour de son candidat pour « chasser » le président sortant Macky Sall…

Mamadou Diop Decroix, en 2015 à Dakar (Archive). © Guillaume Bassinet pour J.A.

Mamadou Diop Decroix, en 2015 à Dakar (Archive). © Guillaume Bassinet pour J.A.

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Publié le 21 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Dans un bureau de vote à Fatick, lors du premier tour du scrutin pour la présidentielle 2019 au Sénégal. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique
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Présidentielle au Sénégal : un « coup KO » réussi pour Macky Sall

La Commission nationale de recensement des votes a proclamé le jeudi 28 février Macky Sall vainqueur au premier tour de la présidentielle. Le président élu a aussitôt annoncé « tendre la main » à l’opposition, dont ses quatre adversaires avaient renoncé à contester les résultats devant le Conseil constitutionnel.

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Proche d’Abdoulaye Wade, à qui il a rendu visite à Versailles fin janvier, le secrétaire général d’AJ-PADS (And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme) s’est finalement rangé derrière Idrissa Seck.

Peu impressionné par les prophéties victorieuses de Macky Sall et de ses lieutenants, Mamadou Diop Decroix veut croire à une dynamique nouvelle autour de son candidat. Pour lui, le soutien dont il bénéficie de la part d’une large frange de l’opposition, le ralliement récent de Khalifa Sall et les votes du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, qu’il estime acquis à Idrissa Seck, ont toutes les chances de pousser la coalition Idy 2019 vers le palais de la République.

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Jeune Afrique : En appelant à empêcher l’élection et à brûler les cartes d’électeurs, Abdoulaye Wade ne déroge-t-il pas à ses responsabilités, en tant qu’ancien chef de l’État ?

Mamadou Diop Decroix : Abdoulaye Wade est revenu sur sa position concernant les cartes d’électeurs, depuis qu’on lui a indiqué qu’elles faisaient également office de cartes d’identité. En ce qui concerne sa volonté d’empêcher la tenue du scrutin, il a en tête que tout cela doit se faire de façon pacifique. Il n’appelle pas à brûler les bureaux de vote, comme nos adversaires le prétendent.

Le fait qu’il ne donne pas de consigne de vote ne diminue-t-il pas les chances de l’opposition ?

Je comprends ses préoccupations. Karim Wade, dont la candidature a été invalidée par le Conseil constitutionnel, était aussi mon candidat. Mais Abdoulaye Wade a clairement fait savoir qu’il souhaitait le départ de Macky Sall, ce qui est c’est une consigne en soi, puisque les militants du PDS feront en sorte de le chasser. Et je pense que c’est notre candidat, Idrissa Seck, qui en profitera.

Idrissa Seck du parti Rewmi (le pays) salue ses supporters lors de son passage dans la ville sainte de Touba. le 18 février 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Idrissa Seck du parti Rewmi (le pays) salue ses supporters lors de son passage dans la ville sainte de Touba. le 18 février 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Fin janvier, quand j’ai annoncé à Idrissa Seck que j’allais rencontrer l’ex-président Wade à Versailles et lui ai demandé quel message il souhaitait lui adresser, il m’a simplement répondu : « C’est notre patriarche, on s’en tiendra à ce qu’il nous dira. » Voilà le genre de rapports qu’ils entretiennent aujourd’hui, même s’il y a eu de l’orage entre eux par le passé, ce qui arrive dans toutes les familles.

Il y a une lame de fond anti-Benno Bokk Yakaar qui est en train de se transformer en tsunami politique

Selon vous, Idrissa Seck a donc une chance de se qualifier pour le  second tour ?

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C’est évident. Il y a au Sénégal une lame de fond anti-Benno Bokk Yakaar [BBY, la coalition présidentielle] qui est en train de se transformer en un tsunami politique qui va balayer la majorité. Notre candidat est porté aujourd’hui par l’essentiel des Sénégalais. Des centaines de milliers de gens, dont des dizaines de milliers de jeunes, l’accueillent partout où il passe.

Et puis il y a d’autres meetings, où l’on retrouve un public sans âme, attiré par des per diem. Les gens y viennent surtout pour acclamer un grand musicien, et non le candidat.

Meeting de Macky Sall à Guediawaye, le mercredi 20 février 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Meeting de Macky Sall à Guediawaye, le mercredi 20 février 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Vous faites référence à Youssou Ndour, Viviane Chidid ou Baaba Maal, qui ont assuré l’animation musicale de certains meetings de Macky Sall ?

Je vous laisse tirer vos propres conclusions.

Idrissa Seck pourrait bien l’emporter dès le premier tour

Que répondez-vous à l’entourage du président sortant, qui se montre convaincu qu’il n’y aura pas de second tour ?

Je suis d’accord avec eux : rien ne dit qu’il y aura un second tour, car Idrissa Seck pourrait bien l’emporter dès le premier tour. Mais je suis prudent. L’affaire n’est pas encore jouée et il faudra se battre jusqu’au soir du résultat.

>>> À LIRE – Présidentielle au Sénégal : opposition cherche second tour

À en juger par les résultats des dernières législatives, Macky Sall et sa coalition semblent pourtant avoir une longueur d’avance ?

Idrissa Seck n’est plus le Idrissa Seck des législatives. Aujourd’hui il est soutenu par une large frange de l’opposition et par tous ceux qui aspirent à un changement de politique.

Macky Sall s’est arrangé pour éliminer 22 candidats, parmi lesquels Khalifa Sall – qui avait battu la coalition au pouvoir à Dakar lors des élections locales – et plus d’une quinzaine d’autres qui soutiennent désormais Idrissa Seck. Certains d’entre eux avaient réuni des centaines de milliers de parrainages. Le poids individuel de chacun d’eux et l’effet d’entraînement que provoque leur regroupement changent la donne.

Qui a financé la campagne d’Idrissa Seck ?

Il faut lui poser la question. Ce que je remarque, c’est que dans l’opposition tout le monde doit se débrouiller, alors que nos adversaires brassent des milliards. La coalition Idy 2019 me rappelle un peu la campagne du président Wade en 2000, qui s’est faite sans moyens financiers.

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