Politique

[Infographie] Qui sont les VIP des prisons du Cameroun ?

Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a été transféré mardi 12 février à Kondengui, la prison principale de Yaoundé. Il y rejoint de nombreux VIP, qui y purgent des peines souvent très lourdes. Jeune Afrique fait le point en une infographie sur cette population carcérale un peu particulière de Yaoundé et Douala.

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Mis à jour le 14 février 2019 à 09:51

De g. à d. : Basile Atangana Kouna, Maurice Kamto et Yves Michel Fotso. © Montage JA/Vincent Fournier/Jacques Torregano/Abel Aimé Menoba pour Jeune Afrique

Placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé, Maurice Kamto a passé, du 12 au 13 février, sa première nuit à Kondengui, la célèbre prison centrale de Yaoundé. Auparavant détenu au Groupement spécial d’opérations (GSO), il y est accompagné de plusieurs de ses soutiens, eux aussi transférés : Christian Penda Ekoka, Paul-Eric Kingue, Albert Dzongang, Célestin Djamen et le rappeur Valsero.

Le président du MRC est inculpé pour huit chefs d’accusation, dont « rébellion en groupe », « hostilité contre la patrie », « trouble à l’ordre public » et « d’incitation à l’insurrection ». Une relative exception, au vu du motif habituel qui a envoyé bon nombre de VIP dans les geôles de Kondengui : le détournement de fonds publics.

Les prisonniers VIP s’affichent régulièrement en costume, écoutent la messe, reçoivent des visiteurs…

Les VIP du quartier 14

L’ancien Premier ministre Ephraïm Inoni, l’ancien secrétaire général de la présidence Jean-Marie Atangana Mebara, l’ex-ministre Urbain Olanguena Awono… La liste des puissants tombés, notamment dans le cadre de l’opération Épervier, est longue. Au point qu’elle change, parfois, le visage de Kondengui – où ils sont en majorité regroupés -.

Au sein du quartier numéro 14, les prisonniers VIP s’affichent ainsi régulièrement en costume, y écoutent la messe, y reçoivent des visiteurs ou regardent leurs émissions préférées sur des écrans plats. La nourriture y est meilleure, la promiscuité moins pesante. Chacun ici a connu le pouvoir, avant de s’en voir privé, pour vingt ans, trente ans ou à perpétuité.


>>> À LIRE – Reportage à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé


Beaucoup de ces puissants lisent, écrivent, correspondent, qu’ils soient au Secrétariat d’État à la Défense de Yaounda ou à Kondengui. À la prison centrale, Gervais Mendo Zé, l’ancien patron de la CRTV, et Bruno Bekolo Ebe, ex-recteur de l’université de Douala, tous deux arrêtés en mars 2018, accommodent leur séjour, qu’ils espèrent bref, et attendent leur procès en chantant régulièrement dans la chorale de la paroisse carcérale.

Certains, avec humour, ont même créé une république fictive de Kondengui, avec son président et ses ministres. Ils préconisent toutefois d’en taire les élus. Si les VIP de la prison centrale de Yaoundé ont conservé, derrière les barreaux, une dose de liberté. Ils en savent la valeur, quand d’autres, au Secrétariat d’État à la Défense (SED) ou à Douala, n’y ont pas accès. Et sont surtout conscients que le pouvoir a les moyens de leur reprendre.