Grand invité de l’Économie RFI/Jeune Afrique – Mossadeck Bally : « Il est temps que nous reprenions notre souveraineté monétaire »

Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï, est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique, samedi 2 février 2019 sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

Mossadeck Bally, à RFI, le 1er février 2019 © RFI/JA

Mossadeck Bally, à RFI, le 1er février 2019 © RFI/JA

Julien_Clemencot

Publié le 1 février 2019 Lecture : 3 minutes.

Issu d’une famille de commerçants originaire du Nord Mali, Mossadeck Bally a fondé en 1993 le groupe hôtelier panafricain Azalaï. Ses dix établissements sont tous implantés dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest.

Mais ce diplômé de l’Université de San Fransisco voit plus grand et entend aussi investir le Nigeria, le Ghana, ainsi que l’Afrique centrale en commençant par le Cameroun grâce l’arrivée au capital de son groupe de différents fonds d’investissement : Cauris Management, en 2012, Phœnix Capital Management, en 2015, et AfricInvest, en 2017. Il est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique, samedi 2 février sur RFI, à 11 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

  • États-Unis
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Aujourd’hui je ne conseillerais pas aux jeunes d’aller faire leurs études aux États-Unis. Quand j’y suis allé, en 1982, c’était encore raisonnable. Désormais, un bachelor en quatre ans, c’est minimum 200 000 dollars [174 000 euros]. Je ne pense pas que ce soit financièrement rentable pour ensuite travailler sur le continent.

  • Frais de scolarité

Je pense que l’augmentation en France des frais de scolarité pour les étudiants étrangers est une décision inappropriée. Il ne faut pas oublier que les jeunes africains sont naturellement attirés par le continent américain. Beaucoup venaient en France en raison de la langue et parce que ce n’était pas très cher. On peut augmenter, mais pas dans de telles proportions (l’inscription en licence passera de 170 à 2 770 euros). Cela va réduire le nombre d’étudiants africains en France.

  • Azalaï

Au début des années 1990, après dix ans dans le négoce international, je pensais que je pouvais avoir un impact beaucoup plus important en investissant dans une activité industrielle, créatrice de valeur ajoutée et d’emplois. Je dirigeais une entreprise présente dans toute la sous-région dont le chiffre d’affaires atteignait 150 millions de dollars avec seulement 15 personnes. Aujourd’hui, j’ai créé plus de mille emplois directs et 2000 indirects pour un chiffres d’affaires de 40 millions de dollars en 2018.

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  • IDE

On se focalise trop sur les investissements étrangers et pas assez sur les investissements faits par les Africains. Ce sont eux les premiers investisseurs du continent. Ils sont d’ailleurs sous-estimés dans les statistiques produites actuellement dans nos pays.

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  • Chambres

Sur le continent, il y a 75 000 chambres d’hôtel et d’ici 2020, il y en aura 120 000 pour toute l’Afrique, soit 89 pour un million d’habitants. Aux États-Unis, il y en a 170 fois plus. La croissance viendra d’abord des voyageurs africains.

>>> À LIRE : Radisson, Marriott, Hilton, Hyatt… Les grandes chaînes rivalisent d’investissements en Afrique

  • Fonds d’investissement

Les fonds d’investissement attendent un retour et cette attente est parfois assez élevée sur le continent. Mais j’avais le choix entre rester à quelques hôtels avec mes moyens propres ou développer mon entreprise. J’ai choisi de grandir. Je préfère avoir 15 % d’une chaîne de 100 ou 200 hôtels que de rester dans la situation actuelle où je suis majoritaire avec une dizaine d’établissements. Notre vision est de nous développer en Afrique. Les fonds d’investissement, que nous avons choisis nous apportent en plus de meilleures pratiques, du réseautage, des conseils.

  • Franc CFA

Personnellement je pense que le franc CFA a vécu et qu’il faut faire une analyse profonde de son mécanisme. C’est une décision politique. Soixante ans après les indépendances, il est temps que nous reprenions notre souveraineté monétaire.

>>> À LIRE : Dossier franc CFA – le grand débat

  • Monaco

Je n’ai pas de fortune placée à Monaco. J’ai accepté de devenir consul de Monaco au Mali parce que je voulais être utile à mon pays et la principauté mène des projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’enfance défavorisée. Leurs projets prenaient de l’ampleur, ils avaient besoin de quelqu’un qui puisse les aider. C’est bénévole.

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