« Les pays touchés par l’épidémie d’Ebola pourraient voir leur taux de croissance chuter de 1 à 1,5 point cette année », a avertit Donald Kaberuka, ce mardi 26 mars au cours d’une conférence de presse organisée au siège de la Banque africaine de développement, à Abidjan. Pour le président de la BAD, il est nécessaire d’agir non seulement pour enrayer les progrès de l’épidémie, mais aussi pour mitiger ses conséquences économiques.
Recrutement
Aussi, la BAD a dans un premier temps fait un don de 60 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la coordination de la lutte contre l’épidémie qui a entraîné plus de 1 400 décès en Afrique de l »Ouest. Selon Luis Sambo, le directeur régional de l’OMS, ces ressources seront allouées prioritairement à la riposte contre Ebola via les plans nationaux. « Il s’agira de renforcer les infrastructures sanitaires. Le recrutement de personnel et de professionnels sera un axe important » a-t-il annoncé.
Lire aussi :
Ebola : les conséquences économiques s’annoncent sévères
Un programme chargé pour le retour de la BAD à Abidjan
Réussite : le juste prix de la santé
La Banque africaine de développement va également mobiliser 150 millions de dollars additionnels en appui budgétaire aux États atteints. « Mon inquiétude c’est la multiplication des fermetures de frontières qui affectent le commerce transfrontalier », a martelé Donald Kaberuka, avant de rappeler que ces mesures n’ont pourtant pas été exigées par l’OMS – pour l’instant.
Crise alimentaire
Dans les pays affectés comme le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, une crise alimentaire se profile à l’horizon, a-t-il expliqué. En effet,les restrictions imposées, notamment la fermeture des frontières et la limitation des activités portuaires pourraient limiter l’entrée de produits alimentaires. Pour rappel, chaque année, la Guinée – à elle seule – importe plus de 300 millions de dollars en aliments.
Par ailleurs, les mesures de quarantaine et la limitation des déplacements, entraînées par l’épidémie d’Ebola, interviennent durant la saison des pluies – généralement propice aux cultures vivrières. Or, selon les statistiques de l’African Economic Outlook, en 2013, la Guinée a tiré 21 % de son PIB de l’agriculture (qui dans cette classification englobe également la chasse, la foresterie et la pêche), la Sierra Leone 52,7 %. Au Liberia, ce chiffre atteint 73,3 % (données de 2011). Autant de raisons, pour la BAD d’agir afin d’éviter qu’une catastrophe sanitaire ne se transforme en désastre économique et social.