« La rééducation se passe bien. Papa Roméo prépare le discours qu’il lira le 31 décembre prochain ». Ainsi parle-t-on dans l’entourage du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, toujours en convalescence au Maroc. Même sur les messageries cryptées, ses proches parlent du président en alphabet phonétique, signe de l’ambiance de paranoïa qui règne au sein du huis clos de la résidence provisoire de Rabat.
Guerre des clans

Ali Bongo Ondimba et Mohammed VI, lors de l'investiture d'Ibrahim Boubacar Keïta au Mali, en 2013. © REUTERS/Thierry Gouegnon
La médiation de Mohammed VI a certes mis fin aux coups d’éclats mais les batailles à fleurets mouchetés n’ont jamais cessé
Dans le flot de rumeurs malveillantes qui visent les uns et les autres, on s’épie et on se soupçonne dans un silence de cimetière. Tromperie des apparences, la guerre des clans n’a pourtant pas baissé en intensité. À Rabat comme à Libreville, on se bat pour accéder au chef de l’État. Faute d’obtenir un cessez-le-feu, la médiation du roi Mohammed VI a certes mis fin aux coups d’éclats mais les batailles à fleurets mouchetés n’ont jamais cessé. À l’abri des projecteurs, les acteurs ne s’épargnent aucune vilenie.
Directeur de cabinet refoulé à plusieurs reprises de l’aéroport de Libreville alors qu’il tentait de se rendre au chevet de son patron, Brice Laccruche Alihanga est désormais libre d’aller et venir entre Rabat et Libreville. Il a désormais accès au président tous les jours.
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À Libreville, ses proches sont « persécutés ». Mi-décembre, l’assistante de son collaborateur Ike Ngouoni, le Porte-parole de la présidence, a été interrogée pendant plusieurs heures dans un bureau des services spéciaux de la Garde républicaine, dirigés par Frédéric Bongo Ondimba.
Mohammed VI bientôt à Libreville
Après une période de tension consécutive à son souhait contrarié de transférer son époux convalescent à Londres, la première dame, Sylvia Bongo Ondimba, a pu s’entretenir avec le roi du Maroc, autour d’un repas tenu mi-décembre.
Pour fêter cette détente retrouvée, le souverain chérifien a invité Anne-Marie Valentin-Haffray et Christophe Valentin, sœur et frère de Madame Bongo, à effectuer le voyage de Rabat dans un Falcon spécialement affrété. À l’initiative du patriarche, Edouard Valentin, la famille de la première dame s’y retrouvera de nouveau à partir du 28 décembre pour le nouvel an. Idem pour la famille du président : sa mère, sa fille et quelques proches parents pourront l’entourer pour le nouvel an.
En revanche, Mohammed VI devrait passer une partie des vacances de fin d’année à Libreville. Le palais a fait envoyer des soldats et du mobilier destinés à sa résidence de la Pointe Denis, la presqu’île de l’estuaire de la capitale gabonaise. Pendant ce séjour, le roi devrait rencontrer les principaux acteurs politiques gabonais pour appeler à préserver la stabilité du pays.
Ballet de personnalités et manœuvres en coulisses

Le vice-président, le Premier ministre et la présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon se sont rendus au chevet d’Ali Bongo Ondimba (ABO) le 4 décembre. © G24
Qui l’emportera dans la bataille pour le contrôle du gouvernement ou pour y conserver une position avantageuse ?
En attendant, le ballet des personnalités se poursuit. Qui, des différents clans rivaux, l’emportera dans la bataille pour le contrôle du gouvernement – qu’on annonce restreint – ou pour y conserver une position avantageuse ? Les manœuvres sont en cours.
Profitant de ses entrées auprès du roi, l’ex-directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, dont on redoute l’influence auprès d’Ali Bongo Ondimba, n’est pas en reste. Il est arrivé le 20 décembre à Rabat, alors que des rumeurs prétendent que ses ennemis prévoient de détricoter ce qu’il reste de ses réseaux.
Pendant ce temps, Ali Bongo Ondimba poursuit sa rééducation, avec en ligne de mire son traditionnel discours télévisé de vœux aux Gabonais, qui se tiendra le 31 décembre au soir.