Mauvaise nouvelle pour les jeunes supporteurs marocains du club de football de Kénitra, qui chantaient en septembre dernier, depuis les tribunes, leur refus de la conscription. Ce 18 décembre, Abdellatif Loudiyi, ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale, a précisé devant la première chambre du Parlement les contours de la ré-instauration par Rabat d’un service militaire obligatoire.
>>> À LIRE – Rétablissement de la conscription au Maroc : un service commandé
10 000 jeunes par an seront appelés sous les drapeaux dès septembre 2019, a expliqué le ministre devant la commission de la justice, de la législation et des droits de l’homme, qui examinait le projet de loi N° 44.18, relatif au service militaire. Le Conseil des ministres avait adopté le texte le 20 août dernier, déclenchant vite la stupeur dans la société et les commentaires sur les réseaux sociaux.
Les femmes et les MRE possiblement exemptés
« Le texte, qui attend le feu vert des parlementaires, fixe l’âge d’appel des assujettis à 19 ans, alors que le service militaire est dû jusqu’à l’âge de 25 ans », rappelle le quotidien officiel Le Matin du Sahara. Des exemptions provisoires ou définitives sont prévues par le projet de loi : « notamment l’inaptitude physique ou de santé (…), le soutien de famille ou la poursuite d’études. » Répondant aux questions des parlementaires, Abdellatif Loudiyi a par ailleurs laissé entendre que les femmes et les Marocains résidents à l’étranger (MRE) pourraient être exemptés.
La ré-instauration du service militaire obligatoire coûtera 500 millions de dirhams en 2019 (46 millions d’euros)
La ré-instauration du service militaire obligatoire coûtera 500 millions de dirhams en 2019 (46 millions d’euros), selon les prévisions du projet de loi de finances pour l’année à venir. Le service militaire obligatoire, instauré en 1966, avait été abandonné par Rabat en 2006.
Le débat autour du service militaire reste timide dans la classe politique : la ré-instauration vient d’en haut. Mais dans la société civile, les commentaires vont bon train. Pour certains, la conscription sera un moyen de favoriser le sens civique, le patriotisme et la mixité sociale. Pour ses détracteurs, au contraire, il risque d’être synonyme d’importantes dépenses et de culture nationaliste étriquée. Ces derniers estime que les bienfaits du service militaire obligatoire sont tout aussi atteignables via l’enseignement public.