Étonnant Cap-Vert ! Ce petit archipel de 500 000 habitants ne fait jamais la Une de l’actualité, mais il figure en excellente place dans tous les classements africains : une croissance durablement à 4 %, une inflation limitée, un usage soutenu d’internet, une bonne gouvernance applaudie par la Fondation Mo Ibrahim, une corruption faible. Ses ressources ? Le tourisme, les produits de la mer et les envois de ses 700 000 émigrés.
Son Premier ministre, Ulisses Correia e Silva, présidait les 11 et 12 décembre à Paris une conférence destinée à attirer les investisseurs susceptibles de développer le secteur privé et de contribuer au Plan stratégique de développement durable cap-verdien (PED 2017-2021). Entretien.
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Jeune Afrique : Combien êtes-vous venu chercher d’argent à l’occasion de cette Conférence et pour quoi faire ?
Ulisses Correia e Silva : Nous ne sommes pas tant venus chercher de l’argent que renforcer les liens avec nos partenaires. La relation est très forte par exemple avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union européenne et, en bilatéral, avec la France, le Luxembourg, le Japon, etc.
Nous devons améliorer nos infrastructures et instaurer un bon climat des affaires
Notre but est de développer une économie privée et, pour cela, d’accélérer les réformes, d’améliorer nos infrastructures et d’instaurer un bon climat des affaires, ce qui renforcera notre secteur maritime, notre tourisme et notre industrie.
Pour quels montants d’aide avez-vous signés avec les bailleurs multilatéraux ?
Nous avons signé des contrats pour 850 millions d’euros, mais nous espérons des accords supplémentaires avec d’autres partenaires.
Votre pays produit l’essentiel de son électricité grâce à des centrales au fioul. Quels sont vos objectifs en matière d’autonomie énergétique ?
Actuellement, l’énergie éolienne fournit 17 % de notre électricité. L’objectif est de porter la part des énergies renouvelables à 30 % en 2025 et de dépasser les 50 % en 2030, afin de réduire notre recours aux énergies fossiles.
Où en êtes-vous dans votre programme de privatisations ?
Il est en bonne voie, notamment pour notre compagnie aérienne, Cabo Verde Airlines.
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La Chine est de plus en plus présente dans votre archipel. Quelle est la place que vous lui réservez ?
La Chine est un de nos partenaires importants tant au niveau des financements publics qu’au plan des investissements dans le privé, dans le tourisme et dans les technologies de l’information et de la communication, où nous travaillons beaucoup avec Huawei. Nous accueillons la Chine comme nous le faisons avec les autres partenaires qui nous épaulent.
Comment comptez-vous réduire votre très lourde dette publique ?
Elle était de 130 % de notre Produit intérieur brut lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en 2016. Nous l’avons déjà réduite à 126 %. Nous allons poursuivre dans cette voie grâce à une politique de consolidation budgétaire.
Nos échanges de marchandises avec le continent demeurent très faibles et ne dépassent pas 2 % de notre commerce extérieur
Où en est la libre circulation des personnes et des biens avec les 14 autres membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) à laquelle vous appartenez ?
Nos échanges de marchandises avec le continent demeurent très faibles et ne dépassent pas 2 % de notre commerce extérieur. La circulation des personnes est régie par les accords internationaux. Il faudrait que nous commercions plus avec toute l’Afrique.
Le Cap-Vert n’a pu obtenir la présidence de la Commission de la Cédéao, cette année. Avez-vous bon espoir de la présider un jour ?
Je pense que nous y parviendrons.
Que faîtes-vous pour utiliser au mieux l’argent de votre impressionnante diaspora, forte de 700 000 émigrés dans le monde ?
Les envois de nos émigrés représentent entre 12 et 15 % de notre PIB. C’est très important, et nous nous efforçons de faciliter leurs relations avec les banques qui accueillent leurs envois. Mais leur argent n’est pas le plus important : nous voulons établir avec notre diaspora de nouvelles relations pour qu’elle fasse profiter leur pays de son savoir-faire et de son expérience dans tous les domaines, y compris technologiques. Il faut qu’ils nous aident à nous développer encore plus vite.