« Les investissements directs marocains sur le continent, d’une valeur cumulée de 37 milliards de dirhams [3,4 milliards d’euros] entre 2003 et 2017, constituent l’essentiel des Investissements directs à l’étranger (IDE) sortants du Maroc, avec une part moyenne de 60 % des flux sortants totaux. » C’est le principal enseignement d’une étude publiée le 6 décembre, consacrée au développement des entreprises marocaines en Afrique, produite par le ministère marocain de l’Économie et des Finances, conjointement avec l’Agence française de développement (AFD).
Ces flux vont principalement vers les économies d’Afrique de l’Ouest (avec une part moyenne de 55 %), suivis de l’Afrique du Nord (25 %), de l’Afrique centrale (15 %) et de l’Afrique Australe (5 %). « Les pays d’Afrique de l’Ouest constituent souvent la porte d’entrée pour les entreprises marocaines en Afrique », expliquent les auteurs de l’étude. « L’Uemoa, qui regroupe huit pays au sein d’une union monétaire et économique, est particulièrement attirante pour les entreprises marocaines. Cette zone est explicitement citée comme la zone africaine la plus attractive pour le développement de leurs activités », poursuivent-ils.
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« Plaçant l’Afrique au cœur de ses choix stratégiques, le Maroc consolide progressivement son positionnement dans le continent », analysent-ils. Cela se fait « à travers le renforcement et la diversification des échanges commerciaux, l’accompagnement de ses entreprises sur le continent, la conclusion d’une multitude d’accords de coopération (environ 1 000 accords avec 28 pays africains) dans différents domaines (éducation, santé, formation, infrastructure, agriculture) ».
Priorité aux pays francophones
De son côté, le secteur privé participe activement à cette dynamique, les entreprises marocaines qui se développent en Afrique étant avant tout à la recherche de relais de croissance. « Dans certains secteurs, le marché marocain a atteint un niveau de maturité qui pousse les champions nationaux à explorer de nouveaux sentiers de croissance à l’international. (…) Un certain nombre d’acteurs ont construit une stratégie de développement proactive en Afrique, particulièrement depuis que le continent est devenu une priorité dans la stratégie économique extérieure marocaine », mettent-ils en avant.
Pour les entreprises les plus en avance, la prochaine cible est l’Afrique anglophone, et en particulier l’Afrique de l’Est
Les IDE marocains sont présents dans 30 États d’Afrique. « L’Égypte et la Côte d’Ivoire arrivent en tête des pays récipiendaires des IDE marocains dans la région, avec une part respective de 20 % et 19 % des flux en moyenne sur la période 2003-2017, suivis du Mali (13 %), et dans une moindre mesure du Burkina Faso et du Sénégal (7 % chacun) et du Gabon (6 %) », détaille le rapport.
Pour les entreprises les plus en avance, la prochaine cible est l’Afrique anglophone, et en particulier l’Afrique de l’Est. « Néanmoins, cette culture anglo-saxonne peut représenter une barrière à l’entrée pour les entreprises marocaines. En effet, la barrière de la langue peut constituer une difficulté. Par ailleurs, les différences dans les pratiques juridiques et réglementaires peuvent jouer en défaveur des entreprises marocaines s’implantant en Afrique anglophone. »
Les secteurs de la banque et des télécommunications ont été les premiers à se tourner vers l’Afrique. « Grâce aux réformes menées par le passé, le Maroc est parvenu à édifier un système financier solide qui a donné naissance à des groupes bancaires compétitifs, capables de s’implanter en Afrique et de contribuer favorablement au financement des économies africaines. Il en est de même pour le secteur des télécoms », indique le rapport.
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Ainsi, au cours de la décennie 2007-2017, les flux d’IDE sortant en faveur des secteurs de la banque et des télécoms ont atteint respectivement 53 % et 17 %. Suivent ensuite l’industrie (11 %) et les holdings (5 %). Alors que la part du secteur de l’industrie s’est élevée seulement à 5,1 % entre 2007 et 2015, elle a représenté sur la seule année 2015 près de 53 % des flux sortants du Maroc vers le continent, avec près de 2,5 milliards de dirhams qui ont été investis, essentiellement en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Cameroun.
« Cette dynamique est appelée à se poursuivre si on tient compte des accords importants signés récemment et qui devraient générer des flux importants dans les années à venir », anticipe l’étude. « Ces projets portent notamment sur la production d’engrais (Gabon, Rwanda, Éthiopie et Nigéria), le ciment (Côte d’Ivoire, Ghana et Mali), l’industrie pharmaceutique (Côte d’Ivoire, Rwanda), le montage de camions (Sénégal) et l’industrie agroalimentaire (Guinée, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mauritanie ou Tanzanie. »