CAN 2019 : invoquant le règlement de la CAF, les Comores réclament la disqualification du Cameroun

Les Lions indomptables seront-ils éliminés de la CAN 2019 ? La fédération comorienne, invoquant le règlement de l’instance continentale, revendique leur disqualification.

Lors du match Cameroun – Allemagne, le 25 juin 2017. © Thanassis Stavrakis/AP/SIPA

Lors du match Cameroun – Allemagne, le 25 juin 2017. © Thanassis Stavrakis/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 10 décembre 2018 Lecture : 4 minutes.

Lors du match Cameroun – Allemagne, le 25 juin 2017. © Thanassis Stavrakis/AP/SIPA
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CAN 2019 : le grand cafouillage

Estimant que le Cameroun n’était pas prêt à accueillir la Coupe d’Afrique des nations de football 2019, la CAF lui a retiré le 30 novembre l’organisation de la compétition. Appel à candidatures, qualification incertaine des Lions indomptables, vraie-fausse candidature du Congo-Brazzaville… le grand cafouillage règne autour de la CAN 2019.

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La Confédération africaine de football (CAF) va devoir s’activer sur beaucoup de fronts dans les prochaines semaines. La désignation du pays qui organisera la CAN 2019 (15 juin-13 juillet) – qui sera connu le 9 janvier -, les dossiers des éditions 2021 et 2023, et désormais la fronde des Comores. Les insulaires, qui figurent dans le même groupe de qualifications que le Cameroun, ont adressé un courrier le 5 décembre à la CAF, « afin d’obtenir des précisions », explique Saïd Ali Athoumane, le président de la Fédération comorienne de football (FCF).

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Le Cameroun, initialement qualifié d’office en tant que pays organisateur, avait néanmoins participé aux qualifications, dans le Groupe B, en compagnie du Maroc, des Comores et du Malawi. En plus des Lions indomptables, une seule équipe devait obtenir son billet pour la phase finale. Après la cinquième journée, disputée en novembre, la situation était la suivante : le Maroc, qui venait d’assurer sa qualification, et le Cameroun, en tant que pays organisateur, étaient donc assurés de jouer la CAN.

Mais la décision de la CAF de retirer au pays d’Afrique centrale l’organisation du tournoi a changé les choses : selon la CAF, le Cameroun, deuxième du groupe, devra au moins faire match nul face aux Comores en mars prochains à Yaoundé, pour se qualifier, alors que ces dernières auront besoin d’un succès.

Nous demandons la stricte application du règlement

L’article 92 pourrait disqualifier le Cameroun

Or les Comoriens ne l’entendent pas ainsi. « Nous avons appris cela, sans en recevoir la moindre notification officielle, ce qui est toujours le cas quand la CAF prend une décision. Elle en informe toutes les fédérations africaines, à plus forte raison celles qui sont directement concernées. De plus, si nous avons envoyé un courrier à l’instance, c’est pour avoir des éléments par rapport à son propre règlement, dont nous demandons la stricte application », poursuit Saïd Ali Athoumane, en évoquant l’article 92, lequel stipule que « si une association qui a obtenu l’organisation du tournoi de la Coupe d’Afrique des nations se désiste ou se fait retirer l’organisation, il lui sera infligé, outre les sanctions disciplinaires, une amende selon le barème suivant. »

Les règles sont les mêmes pour tout le monde

Dans le cas du Cameroun, dont le retrait lui a été notifié moins d’un an avant la date du tournoi final, la facture doit en théorie s’élever à 500 000 dollars, et la suspension « à la prochaine édition de la CAN de son équipe nationale A, sans tenir compte de l’édition concernée. »

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Omari : « La CAF a abandonné le principe de la double sanction »

Pour Saïd Ali Athoumane, le Cameroun devrait donc être disqualifié. « Il y a un règlement, il doit s’appliquer. J’ai été surpris d’entendre Constant Omari, le vice-président de la CAF, dire que le Cameroun jouerait sa qualification contre nous. Je sais que le Cameroun est un pays important dans le football africain, mais les règles sont les mêmes pour tout le monde. Si on commence par favoriser untel ou untel sous prétexte que c’est un grand nom du football du continent, je ne suis pas d’accord. J’ai quand même un peu l’impression que la CAF est légèrement dépassée par tout ce qui se passe », poursuit le dirigeant comorien.

Contacté par Jeune Afrique, Constant Omari confirme que le Cameroun et les Comores s’affronteront en mars prochain pour un match décisif. « Le Cameroun a fait d’énormes efforts pour organiser la CAN 2019, même si cela n’a pas été suffisant. On lui laisse deux ans de plus pour être prêt en 2021. Comme la FIFA, la CAF a abandonné le principe de la double sanction : on a retiré à ce pays l’organisation de la prochaine CAN, mais comme sa sélection a pris part aux qualifications, cela lui laisse la possibilité de gagner sa place sur le terrain. La fédération comorienne parle des cas du Maroc en 2015, qui devait accueillir la CAN ou du Kenya en 2018, pour le CHAN, mais les cas sont différents », explique le Congolais.

Nous attendons la réponse de la CAF, mais nous n’hésiterons pas à faire des recours

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En 2015, le Maroc avait renoncé à accueillir le tournoi pour cause de virus Ebola, et les Lions de l’Atlas n’avaient pas pris part à la CAN finalement organisée en Guinée équatoriale. Et concernant le Kenya, sa sélection locale n’avait pas participé aux éliminatoires, puisqu’elle était qualifiée d’office. « Nous attendons la réponse de la CAF. Mais nous n’hésiterons pas à faire des recours, car nous voulons que le règlement soit respecté, et rien d’autre », insiste Athoumane.

Du côté du Cameroun, Jeune Afrique n’a pas pu obtenir de réactions officielles : la Fédération, placée sous la direction d’un comité de normalisation dirigé par Dieudonné Happi, aura un nouveau président courant décembre.

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