Économie

Liaison ferroviaire Abidjan-Ouaga : le Parlement du Burkina donne son feu vert à l’accord avec le groupe Bolloré

Les parlementaires burkinabè ont adopté la nouvelle concession pour la gestion et l’exploitation du chemin de fer Abidjan-Ouaga, conclue entre le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le groupe Bolloré. À la clef : 400 millions d’euros pour réhabiliter la liaison ferroviaire entre les deux villes.

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Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 6 décembre 2018 à 18:23

Gare ferroviaire à Bobo-Dioulasso © Renaud VAN DER MEEREN pour Les Editons du Jaguar

Le texte de 66 pages, assorti d’annexes (voir ci-dessous), constitue une véritable refonte de la gestion et l’exploitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou, et donne à la Société internationale de transport africain par rail (Sitarail, filiale du groupe Bolloré) la responsabilité des investissements pour le renouvellement complet de 852 km de voies ferrées – sur les 1 260 km reliant Abidjan à Ouagadougou –  et de maintenance des infrastructures du réseau. Ces travaux de réhabilitation, prévus sur cinq ans, ont déjà démarré en Côte d’Ivoire. « Nous devons maintenant nous entendre avec le groupe Bolloré pour le lancement des travaux de réhabilitation au Burkina », explique Vincent Dabilgou, ministre des Transports.

400 millions d’euros d’investissements

Selon le ministre burkinabè, cet accord entre les deux États et le groupe Bolloré – adopté par le Parlement burkinabè le 4 décembre – « signe le renouveau du rail dans le pays ». D’un montant de 400 millions d’euros (262 milliards de francs FCFA), le programme d’investissement prévoit des travaux de réhabilitation et d’aménagement regroupés en deux tranches, ainsi que la modernisation du matériel roulant (trains et wagons) et des gares.

« Le concessionnaire s’engage à démarrer la première tranche, [estimée à 130 millions d’euros] à compter de la date d’entrée en vigueur et à l’achever dans un délai de deux ans (…) de sorte qu’au terme de la première tranche, le concessionnaire soit en mesure de transporter un million de tonnes de minerai en sus du trafic existant », indique l’accord, dont Jeune Afrique a obtenu une copie.

Statut unique pour les cheminots ivoiriens et burkinabè

Parmi les innovations, l’accord prévoit le partage des redevances d’exploitation et d’utilisation du patrimoine ferroviaire, instaurant le principe d’un statut unique pour les cheminots ivoiriens et burkinabè. En contrepartie du droit d’exploiter le service public du transport ferroviaire, Sitarail va verser aux États l’équivalent de 2 % de son chiffre d’affaires hors taxes, stipule le document.

L’adoption de la convention révisée permet désormais à l’exécutif burkinabè d’enclencher son plan visant à passer d’un chemin de fer généraliste à un chemin de fer minier. « Pour cela, il faut rapidement remplacer Pan Africa Minerals [dont le contrat sur le gisement de Tambao a été résilié] par un minier plus engagé qui va exploiter le manganèse de Tambao, mais aussi construire le tronçon ferroviaire Kaya-Tambao », a indiqué Vincent Dabilgou.

Développer le transport de minerais de manganèse

Le transport de 3 millions de tonnes de minerais de manganèse par an demeure un élément clé de la viabilité économique de la ligne ferroviaire, ce qui permet à Sitarail de franchir le cap de 5 millions de tonnes transportées via le chemin de fer et deux millions de voyageurs.

Sur cette base, selon les clauses de la convention de concession révisée, Sitarail pourra amortir ses investissements sur les recettes générées par l’exploitation, sans garantie d’équilibre financier et économique de la part de l’autorité concédante.

Convention de Concession Révisée Du 29 Juillet 2016 by jeuneafrique on Scribd