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Tunisie : les affaires Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi relancées
Le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi n’a de cesse de faire la vérité sur l’assassinat de ces deux leaders de la gauche nationaliste tunisienne assassinés, respectivement en février et juillet 2013. Agacé par les dysfonctionnements de la justice qui a retrouvé les assassins mais n’est pas remontée aux commanditaires, il a mené ses propres investigations et enchaîne les révélations depuis octobre 2018.
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Dans la foulée des premières annonces, les avocats du collectif ont dévoilé l’existence de documents interdits d’accès et entreposés dans ce qu’ils qualifient de « chambre noire » au ministère de l’Intérieur. De quoi justifier toutes les interrogations et enflammer les imaginations, malgré les dénégations d’Ennahdha et du ministère de l’Intérieur.
Les constations du juge d’instruction confirment l’existence d’un local placé sous vidéo-surveillance
Les constations du juge d’instruction du bureau 12 viennent effectivement infirmer leurs dires. Elles confirment l’existence d’un local placé sous vidéo-surveillance et qui contient des documents et des téléphones. Selon un témoin, cet espace a été aménagé au moment de l’arrestation de Mustapha Kheder.
Ce moniteur d’auto-école, proche d’Ennahda et qui avait ses entrées au ministère de l’Intérieur, est accusé d’avoir dirigé une unité parallèle du parti islamiste qui lui permettrait d’agir sans se compromettre. Incarcéré depuis décembre 2013 pour détournement et destruction de documents, il est soupçonné par le comité de défense d’être l’homme orchestre qui travaille dans l’ombre à élargir l’influence d’Ennahdha en développant son renseignement. Juste avant son arrestation, il était en train de détruire des documents, tandis que d’autres avaient été récupérés par les services de l’Intérieur.
L’enquête se poursuit
Les informations révélées lundi matin sont capitales pour comprendre comment évoluait le renseignement sous la troïka gouvernementale en 2012-2013, mais aussi pour identifier les complicités des assassinats de Belaïd et Brahmi. Il faudra cependant rassembler beaucoup plus d’éléments pour impliquer et attribuer ces opérations à leurs véritables commanditaires.
Abattus à bout portant par des individus en lien avec le mouvement salafiste Ansar al-Charia, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sont aussi tombés sous l’effet d’une flambée de violence politique, qui avait conduit en 2013 à la chute de la troïka gouvernementale et impacté la transition démocratique de la Tunisie post-révolutionnaire. Deux affaires d’État tellement sans précédents que le futur président de la République, Béji Caïd Essebsi, s’était engagé lors de la campagne électorale de 2014 à les élucider.