[Chronique] Ces armes qui tuent l’Afrique

Sur le continent africain, le trafic d’armes tue 45 000 personnes par an. Les causes sont aussi évidentes que les solutions…

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Publié le 9 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Le caractère attendu d’une information affligeante ne la rend pas moins déprimante. Une étude de Small Arms Survey, centre rattaché à l’Institut des hautes études et de développement de Genève, confirme que l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi « a créé un transfert déstabilisant d’armes en direction de l’Afrique de l’Ouest ».

Le trafic d’armes à feu tuerait 45 000 personnes chaque année, sur les 140 000 morts liés aux conflits armés

Ce flux a notamment « constitué un détonateur de la crise qui a commencé en 2012 au Mali ». Publiée le 6 novembre, l’enquête financée par l’Allemagne concerne la période 2012-2017 et indique qu’à l’échelle du continent, le trafic d’armes à feu tuerait 45 000 personnes chaque année, sur les 140 000 morts liés aux conflits armés.

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Plusieurs raisons expliquent l’extrême difficulté à lutter contre cette prolifération, à commencer par les origines variées des équipements en question : certaines armes sont détournées ou volées dans les arsenaux nationaux ; une autre partie des stocks illicites est alimentée par la remise en circulation d’armes légères déjà illégalement détenues par le passé ; d’autres armements sont tout bonnement des productions artisanales qui échappent, dès l’amont, à toute statistique.

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Solutions = contrôles ?

Les contextes politiques de quelques pays africains expliquent également le caractère insaisissable de ces flux mortifères : d’une part, l’instabilité d’États parfois confrontés à des conflits armés, à des insurrections, à des actes terroristes ou à la criminalité transfrontalière ; d’autre part la sécurisation insuffisante des arsenaux d’États stables mais affaiblis. À la variété des origines et des contextes politiques s’ajoutent la sempiternelle porosité des frontières et la corruption d’une partie des forces de défense et de sécurité.

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Des trafiquants très organisés sont nombreux au nord du fleuve Niger et alimentent, au sud, un maillage moins structuré d’acteurs qualifiés de « fourmis », dans le rapport. Les destinataires finaux, eux, sont notamment les groupes extrémistes violents comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Eddine, Al Mourabitoune ou Boko Haram.

Quant aux solutions, elles relèvent toutes du contrôle : « contrôle des États sur leurs propres armées », contrôle des pratiques de corruption ou encore contrôle douanier dans des « sites portuaires avec des scanners ».

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