Présidentielle en Tunisie – Kaïs Saïed : « Je ne serai candidat d’aucun parti »

Le constitutionnaliste Kaïs Saïed est l’un des premiers candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2019. Affilié à aucune formation politique, il compte s’appuyer sur un mouvement jeune et citoyen, prônant notamment un mandat révocable pour les élus locaux.

Kaïs Saïed était l’un des premiers candidats déclarés à l’élection présidentielle tunisienne. © Youtube/Abdelmagid ZARROUKI

Kaïs Saïed était l’un des premiers candidats déclarés à l’élection présidentielle tunisienne. © Youtube/Abdelmagid ZARROUKI

Publié le 26 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

À un peu plus d’un an de l’élection présidentielle de décembre 2019, le constitutionnaliste Kaïs Saïed, 60 ans, est le premier à se déclarer candidat dans la course à Carthage. Cet intransigeant explique à Jeune Afrique ses motivations et de sa vision.

Jeune Afrique : Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?

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Kaïs Saïed : Le sens profond du devoir, et une obligation qui s’est imposée. Il s’agit d’assumer des responsabilités face au peuple tunisien. Certains m’imputent une ambition personnelle, mais ils font erreur sur ma personne. Accéder à la magistrature suprême ne rend pas heureux et, lorsque le devoir vous appelle, vous ne pouvez qu’y répondre. Je suis parfaitement conscient qu’une candidature, dans la situation actuelle compliquée aussi bien à l’intérieur et à l’extérieur, est loin d’être simple. Mais je ne peux pas ne pas répondre aux sollicitations incessantes émanant des jeunes.

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Les prérogatives du président de la République étant réduites, comment comptez-vous faire pour répondre aux attentes ?

Actuellement, le champ d’action du président est bien limité par la Constitution. Mais une fois à la tête de l’État, je m’adresserais au peuple tunisien pour demander une révision de la loi fondamentale. En 2014, elle a été taillée sur mesure : certaines de ses dispositions ont été choisies pour permettre la répartition du pouvoir entre ceux qui le détiennent. Elle devrait répondre aux attentes et revendications des Tunisiens, et non légitimer un pouvoir. Le meilleur exemple est celui de la prise d’otage de la Cour constitutionnelle, où chacun veut sa part et ne lâche rien.

En aucun cas, notre Constitution est une traduction politique de la volonté du peuple

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En aucun cas, notre Constitution est une traduction politique de la volonté du peuple. Nous sommes actuellement dans une nouvelle phase de l’histoire. Et pourtant les dirigeants, ou ceux qui ambitionnent de le devenir, sont dans les petites histoires qui détournent l’attention des véritables problèmes, engendrant une apathie avec le rejet de tout un système. La Tunisie a toutes les potentialités, et surtout toutes les ressources humaines, pour être dans une situation de loin meilleure que celle qu’elle vit aujourd’hui.

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Vous pensez jeter les bases d’une troisième république, sans l’appui d’un parti. Comment comptez-vous faire ?

Cela s’impose, afin d’assainir les dérives actuelles. Je ne serai candidat d’aucun parti, et ma structure ne sera pas partisane. J’ai le soutien de jeunes dans pratiquement tous les gouvernorats. L’ère des partis, partout dans le monde, est révolue. Les jeunes s’organisent en dehors des structures traditionnelles. C’est ce que nous ferons.

Concrètement, quelles seraient vos priorités ?

Tout d’abord, une totale réorganisation politico-administrative de la pyramide du pouvoir. Il faut inverser la tendance et aller du local vers le régional, pour synthétiser les attentes et les différentes volontés. Des conseils locaux, dont les membres, parrainés par des électeurs et des électrices, seront élus au suffrage universel après un scrutin uninominal à deux tours. Ils siégeront dans chaque délégation pour identifier les programmes de développement local. Leur mandat, basé sur la représentativité, sera révocable.

Une alternance des membres dans les conseils régionaux permettra de se prémunir contre la corruption

Les projets seront présentés au conseil régional qui émanera des conseils locaux, et auquel participent également les directeurs régionaux des administrations centrales. Ainsi, le plan de développement régional fera la synthèse des différents projets préparés au niveau local, avec une ergonomie dans les réalisations. Chaque conseil régional aura son représentant à l’Assemblée, et une alternance des membres dans les conseils régionaux permettra un auto-contrôle pour se prémunir contre la corruption et les dérives.

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Comment comptez-vous financer votre campagne ?

Avec les moyens du bord, et la volonté des jeunes. Par principe, mais aussi pour éviter les manipulations, je n’accepterai aucun millime d’aucun parti ni organisation. L’énergie pour la Tunisie est plus porteuse que l’argent.

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