Présidentielle au Cameroun : l’examen des recours de l’opposition a démarré

Le Conseil constitutionnel a débuté mardi 16 octobre les audiences portant sur les demandes d’annulation du scrutin présidentiel déposées par l’opposition. Premiers recours étudiés : ceux de Maurice Kamto et Cabral Libii.

Dans un bureau de vote de Yaoundé, lors de la présidentielle du 7 octobre 2018. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Dans un bureau de vote de Yaoundé, lors de la présidentielle du 7 octobre 2018. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 16 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Le Palais des Congrès de Yaoundé, lieu incontournable des manifestations politiques, a des allures de forteresse. Il faut traverser pas moins de quatre points de contrôle et passer devant plusieurs dizaines de militaires et de policiers en faction avant de pouvoir rallier le siège du Conseil constitutionnel, lieu de toutes les attentions. Le pavoisement de la dernière née des institutions camerounaises est de mise. Les journalistes de la télévision nationale, en direct depuis l’entrée du bâtiment, ne manquent pas de le souligner.

À l’intérieur de la salle de débat, les premières audiences portant sur les recours en annulation déposées par l’opposition après la présidentielle du 7 octobre ont démarré. Premier à se présenter à la barre, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, qui a déposé la veille une demande de récusation du jury pour « suspicion légitime ».

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Première décision : le recours de Kamto rejeté

Une quinzaine d’avocats coordonnés par Me Emmanuel Simb défendent la position du MRC. L’équipe comporte en son sein des noms réputés du barreau du Cameroun, à l’image de Me Akere Muna, Me Yondo Black, Me Abdou Bagui ou encore Me Michèle Ndoki.

Nous avons un président du Conseil constitutionnel qui est l’époux d’une député du RDPC

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Les plaignants veulent débouter les juges du Conseil constitutionnel au motif qu’ils ne seraient pas « neutres ». « Nous avons un président du Conseil constitutionnel qui est l’époux d’une député du RDPC. Cela pose problème sur le plan de l’éthique, voyez-vous », explique Me Simb, deuxième vice-président et conseil du MRC.

Maurice Kamto, qui s’est lancé dans une plaidoirie d’une quinzaine de minutes, essayant visiblement de séduire le jury en vue d’un verdict favorable, semble ne pas les avoir convaincus. Ceux-ci ont, a l’unanimité, estimé que « le requérant n’avait pas qualité pour introduire telle demande ».

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Cabral Libii débouté

Le sort réservé au « recours en annulation totale » déposée par Cabral Libii, candidat du parti Univers, n’a pas été différent. Le plus jeune candidat de cette présidentielle, qui évoquait notamment « des fraudes massives », a vu sa requête rejetée pour un vice de forme. Son équipe aurait, en effet, déposé son dossier mercredi 10 octobre 19 h, soit une heure après le délai fixé par la loi.

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« Les Camerounais doivent avoir honte de cette décision, car elle confirme ce que nous déplorons dans le fond de cette requête : nos représentants ont été molestés au cours de l’élection, ils ont subi un braquage et ça s’est vu partout où [Paul] Biya était seul avec son administration », a réagi Prosper Nkou Mvondo, l’avocat de la défense. « À ces endroits, la participation flirtait avec les 100%, tout comme le pourcentage des voix qui lui étaient accordées. Pour mon candidat et son parti, nous nous en remettons désormais au peuple, qui est le seul juge de cette élection au final. »

La suite des débats verra l’examen du recours en « annulation totale » du scrutin introduit par le Social democratic front (SDF) de Joshua Osih, ainsi qeu les recours déposés par le MRC qui réclame l’annulation partielle de l’élection. Selon le Code électoral, les travaux du Conseil constitutionnel devraient prendre cinq jours au plus. Les résultats officiels, quant à eux, devraient être connus au plus tard le 22 octobre.

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