CAN 2019 – Maroc : la « méthode Renard » va-t-elle profiter aux Lions de l’Atlas ?

Sélectionneur du Maroc depuis février 2016, Hervé Renard a fait des Lions de l’Atlas l’une des meilleures sélections africaines. Ses méthodes de travail et de management lui ont permis de remporter la CAN avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015). Le Français ne vise rien d’autre avec les Lions de l’Atlas, dans moins d’un an.

Hervé Renard, sélectionneur français du Maroc. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Hervé Renard, sélectionneur français du Maroc. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 15 octobre 2018 Lecture : 5 minutes.

Le monde du football africain est suspendu aux lèvres de la CAF, qui annoncera sans doute à la fin du mois de novembre si le Cameroun pourra ou non organiser le tournoi l’été prochain. Si un autre pays hôte devait être désigné, beaucoup parient sur le Maroc comme la plus solide hypothèse. Une issue qui qualifierait automatiquement les Lions de l’Atlas, avant même la fin des éliminatoires, prévue en mars 2019. Mais aux rumeurs et supputations, Hervé Renard préfère se concentrer sur ce qu’il maîtrise le mieux : le terrain.

Le Maroc pourrait en effet se qualifier pour la CAN 2019 s’il fait le plein face aux Comores, mardi 16 octobre, après le match aller de ce samedi à Casablanca (1-0). Le 8 septembre, le Maroc a déjà remporté son match face au Malawi, à Rabat (3-0), et l’écart qui sépare les Nord-Africains des Comores laisse supposer que Renard aura rempli 99,99 % de sa mission en qualifiant son équipe pour la CAN, comme il l’avait fait en l’emmenant au Gabon en 2017 et en Russie l’été dernier, après vingt ans d’absence au niveau mondial.

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En Afrique équatoriale puis en Europe, l’aventure s’était à chaque fois arrêtée un peu plus tôt qu’espéré par les supporters (quarts de finale et premier tour), mais pour Mustapha El Haddoui, l’ancien international devenu président du syndicat des joueurs professionnels marocains, le bilan sportif est bon.

Trouver l’équilibre

« Renard a jusqu’à maintenant fait ce qu’on lui demandait. Le Maroc avait besoin d’un coach comme lui. Il a obtenu des résultats en Afrique. En 2012, il gagne la CAN avec la Zambie, qui était loin d’être la meilleure sur le papier. Et avec la Côte d’Ivoire en 2015, avec des stars et une grosse pression sur lui. Sa force, c’est de bien connaître le continent africain. Quand il est sélectionneur, il vit sur place et pas la moitié du temps en Europe, comme certains le font. Et il a eu l’intelligence de conserver dans son staff technique Mustapha Hadji, déjà présent dans celui de Badou Zaki. Hadji, un des plus grands joueurs africains de l’histoire connaît très bien le football marocain, et Renard a voulu compter sur ses compétences. »

Hervé Renard a su faire du Maroc une équipe solide, capable de bien défendre – ce qui lui avait permis de se qualifier pour la Coupe du monde sans encaisser le moindre but lors du dernier tour – et de pratiquer un jeu offensif et plaisant.

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« Elle l’a montré à quelques occasions, notamment contre l’Espagne en Coupe du monde (2-2). Renard a réussi là où ses derniers prédécesseurs (Gerets, Taoussi, Zaki…)  avaient en partie échoué : il a su donner de l’équilibre à son équipe. Les joueurs marocains sont doués techniquement, mais il a exigé davantage de rigueur. Il sait gérer les égo, composer avec la mentalité locale, mais il applique son projet et ne se laisse pas influencer », intervient Abdeslam Ouaddou, un ex-international marocain.

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Face aux critiques de la presse et de supporters

Ses résultats depuis ne lui ont pas épargné certaines critiques, plus ou moins virulentes, émanant de la presse ou d’une frange des supporters. Et le Savoyard, dont la personnalité entière peut parfois déranger certaines habitudes locales, n’a pas toujours entretenu des relations apaisées avec sa fédération ou certains joueurs.

Ainsi, en juin 2017, après un match perdu face aux Pays-Bas à Agadir (0-2), Renard avait eu une discussion assez vive avec quelques supporters, avant de faire quelques déclarations aux médias plutôt mal perçues par Fouzi Lekjaa, le président de la fédération. Le dirigeant avait recadré son sélectionneur, sans pour autant envisager de s’en séparer.

Et à l’initiative de Lekjaa, Renard avait rencontré à Amsterdam Hakim Ziyech, le jeune prodige de l’Ajax, écarté juste avant la CAN 2017 et réclamé par les supporters des Lions. « Il n’est pas entêté. Renard sait monter dans un avion pour aller rencontrer un joueur, car il connaît l’importance des mots, du regard. Depuis qu’il est en fonction, il sait alterner dureté et souplesse dans ses rapports avec les joueurs », poursuit Ouaddou.

Prolongé jusqu’en 2021

Hervé Renard a effectué le voyage jusqu’à Turin, pour discuter avec Mehdi Benatia, le capitaine des Lions, absent face au Malawi et aux Comores. Le défenseur de la Juventus, après une défaite face au Portugal (0-1) le 20 juin dernier lors du premier tour de la Coupe du monde, avait dégoupillé au micro de BeInSport, en accusant certains membres de la Fédération et des proches de la sélection, leur reprochant de ne pas assez soutenir les Lions.

« Il a besoin d’être en dehors de la sélection en ce moment. C’est son envie. Il y a eu des différends dans le groupe, et c’est à moi d’apaiser l’atmosphère et de l’aider à passer à autre chose. Il faudra qu’à l’approche de 2019, il me dise s’il est avec nous ou pas », a expliqué Renard, qui semble disposé à laisser le temps nécessaire au joueur de réfléchir à sa carrière internationale.

Quand il demande quelque chose, Renard l’obtient

Après la Coupe du monde, la rumeur avait fait couru de d’un intérêt plus ou moins prononcé de l’Algérie et de l’Égypte – prête à lui offrir 200 000 € par mois –  pour le technicien français. Le Gabon, après le limogeage de l’Espagnol José Antonio Camacho en septembre dernier, lui a fait les yeux doux, avec un salaire supérieur à celui qu’il touche actuellement (80 000 € par mois). Sans succès. Renard, qui a toujours privilégié le volet sportif à l’aspect financier, a décliné.

« La fédération a eu raison de lui prolonger son contrat jusqu’en 2021, après la Coupe du monde en Russie. Il a des résultats, il est professionnel dans sa façon de fonctionner, car il mise aussi sur les joueurs locaux, preuve qu’il y a du bon travail de fait au Maroc. », apprécie Fathi Jamal, ancien sélectionneur national (février-juin 2008), aujourd’hui manager général du Raja Casablanca. « Je ne connais pas l’état de ses relations exactes avec la Fédération, mais quand il demande quelque chose, Renard l’obtient. C’est la preuve qu’ils savent fonctionner ensemble, et c’est le football marocain qui en profite. »

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