Elections
Malgré tous leurs efforts, le RDR et le PDCI n’ont pas réussi à limiter le nombre de candidatures indépendantes © Issouf Sanogo/AFP

Cet article est issu du dossier

Élections locales en Côte d’Ivoire : test grandeur nature

Voir tout le sommaire
Politique

Élections locales en Côte d’Ivoire : tensions dans l’attente des résultats complets

La Commission électorale indépendante (CEI) doit poursuivre ce lundi la publication des résultats des élections municipales et régionales de samedi 13 octobre. Plusieurs personnes sont mortes dans des affrontements. Au Plateau, commune d’Abidjan, le dépouillement des urnes a occasionné de grosses tensions.

Réservé aux abonnés
Par - à Abidjan
Mis à jour le 15 octobre 2018 à 10:08

Un électeur signe devant des assesseurs © REUTERS / Luc Gnago

Si les élections municipales et régionales du 13 octobre devaient être une répétition générale avant la présidentielle de 2020, le déroulement du scrutin inquiète déjà de nombreux observateurs. Dimanche 14 octobre en fin de journée, la Commission électorale indépendante (CEI) avait communiqué les résultats d’un peu plus de la moitié des communes et des régions en jeu. 53 communes ont été remportées par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), 31 par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), 34 par des candidats indépendants, et une par le Front populaire ivoirien (FPI).

En ce qui concerne les régions, le RHDP l’emportait lundi matin dans neuf régions, contre trois pour le PDCI. La liste PDCI-RHDP de Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, s’est également imposée. L’annonce des résultats doit se poursuivre dans la journée.


>>> À LIRE – Élections locales en Côte d’Ivoire : ces politiques qui jouent gros


Communes sous tension

Dimanche soir, la tension était papable dans certaines communes du pays, comme à Grand-Bassam et dans les quartiers abidjanais du Plateau, de Marcory et de Port-Bouët. Le scrutin a d’ores et déjà fait plusieurs morts. Après un décès à l’arme blanche samedi à Lakota, dans le centre du pays, des affrontements entre forces de l’ordre et partisans d’un candidat indépendant dans la région de Séguéla (ouest) ont fait deux morts et plusieurs blessés le lendemain matin.

À Abobo, commune d’Abidjan, où le ministre de la Défense Hamed Bakayoko s’est imposé avec 58,99 % des suffrages, le candidat indépendant Tehfour Koné a affirmé dimanche qu’un de ses superviseurs avait été assassiné. Selon ce candidat soutenu par le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, un autre de ses superviseurs est porté disparu.

Avant même l’annonce complète des résultats, le PDCI a fait état « d’irrégularités dans l’organisation », dénonçant les « menaces, intimidations, agressions physiques perpétrées » contre ses électeurs. Son secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guikahué, a évoqué « le braquage éhonté des résultats qui se profile à l’horizon, notamment dans les communes du Plateau, de Koumassi et de Port-Bouët, ainsi que dans les régions du Gontougo, Indénié-Djuablin et Lôh-Djiboua ».

Suspicions de fraude

La situation au Plateau était particulièrement confuse. Samedi, le déroulement du vote a été marqué par un fort convoyage d’électeurs et des achats de voix. Une pratique constatée à la fois dans le camp de Fabrice Sawegnon, candidat RHDP, et de Jacques Ehouo, du PDCI.

La tension est montée d’un cran au moment de la clôture des bureaux de vote. Le dépouillement des urnes de certains bureaux de vote a ensuite été interrompu dans la soirée par la CEI. Les représentants de la commission ont même disparu en pleine nuit. Finalement, dimanche matin, ces urnes ont été transportées à la CEI départementale au nord-est d’Abidjan, où les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène.

Certains des PV pris en compte par la commission ont été falsifiés », selon Jacques Ehouo

Si la CEI n’a pas encore publié les résultats, Jacques Ehouo affirme que lors de la consolidation effectuée dimanche, son adversaire était en tête de 600 voix, alors que d’après les procès-verbaux (PV) récoltés samedi soir, il devancerait Fabrice Sawegnon de 3 005 voix. « Certains des PV pris en compte par la commission ont été falsifiés. Dans les bureaux de vote de la Chambre de commerce, la participation annoncée est de 94%, alors que le taux moyen sur la commune ne dépasse pas 15 à 20% », explique Ehouo qui dénonce un « bourrage d’urnes ».

Interrogé par l’AFP, Fabrice Sawegnon a catégoriquement réfuté les allégations de fraude. « On a identifié des bureaux où il y a eu des irrégularités, et là il y a eu refus de signer » les PV, a-t-il expliqué. »On est légalistes. On attend les arbitrages de la CEI », a-t-il assuré.

En fin de journée, Jacques Ehouo, accompagné de nombreux partisans, s’est rendu au Plateau à pied pour y organiser un sit-in. La manifestation s’est dispersée en début de soirée. « Nous allons poursuivre notre mobilisation lundi », prévient le candidat du PDCI.