Élections locales en Côte d’Ivoire : la campagne s’ouvre sur fond de divorce entre ex-alliés au pouvoir

La campagne pour les élections municipales et régionales couplées du 13 octobre s’est ouverte vendredi 28 septembre dans un contexte de tension politique entre anciens alliés au sein de la mouvance présidentielle et de boycott d’une partie de l’opposition.

Un électeur signe devant des assesseurs, en 2010. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Un électeur signe devant des assesseurs, en 2010. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

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Publié le 28 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Malgré tous leurs efforts, le RDR et le PDCI n’ont pas réussi à limiter le nombre de candidatures indépendantes © Issouf Sanogo/AFP
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Élections locales en Côte d’Ivoire : test grandeur nature

Les résultats des élections locales du 13 octobre établiront l’influence réelle des différentes forces politiques, à deux ans d’une présidentielle décisive.

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C’est une sorte de scrutin de mi-mandat. Après la présidentielle de 2015, le référendum constitutionnel de 2016 puis les élections législatives de la même année, la Côte d’Ivoire boucle son cycle électoral. Pendant les deux semaines qui viennent, les candidats des 88 listes aux régionales et les 684 listes aux municipales, doivent convaincre 6,5 millions d’électeurs.

Alors qu’une partie de l’opposition, amenée par le Front populaire ivoirien (FPI) d’Aboudramane Sangaré, qui n’a jamais participé à un scrutin depuis l’avènement au pouvoir de Ouattara, boycotte le scrutin, une autre, la branche du FPI amenée par Pascal Affi N’Guessan y participe. Celle-ci est représentée par seulement deux listes aux Conseils régionaux, contre dix-sept pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié) et vingt-six pour le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle).

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Rupture consommée

Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, le mercredi 8 août 2018. © DR / Présidence ivoirienne

Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, le mercredi 8 août 2018. © DR / Présidence ivoirienne

Ce scrutin intervient dans un contexte politique marqué par la rupture entre les anciens deux grands alliés au sein du pouvoir. Le 24 septembre, le PDCI a – de nouveau – rompu son alliance avec la coalition présidentielle portée par le Rassemblement des républicains (RDR, parti de Ouattara).

Parmi les signes visibles de cette rupture : la crise qui se joue autour de l’utilisation par le RHDP du logo du PDCI, sans l’accord de ce dernier. Mercredi, Amouroulaye Cissoko, juge des référés du tribunal du Plateau s’est déclaré incompétent sur ce dossier, après que la Cour suprême se soit également déclarée incompétente et que la Commission électorale indépendante (CEI) eut débouté le parti.

Une semaine plus tôt, au sein du même tribunal, la juge Massafola Méité-Traoré s’était pourtant déclarée compétente sur un dossier politique sur lequel elle avait donné tort au parti de Bédié. « Le PDCI est victime d’un déni de justice », s’est alors emporté Me Emile Suy Bi, avocat du PDCI.

La victoire ou la défaite des partisans du parti unifié du RHDP, au PDCI, est l’un des enjeux du scrutin

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Même si le parti septuagénaire, à l’instar de toute l’opposition, continue de réclamer la réforme de la CEI – dont le président Youssouf Bakayoko, 75 ans, en poste depuis huit ans, a vu son mandat légal de six ans expirer il y a deux ans – il a toutefois décidé de maintenir sa participation aux élections. En interne, Bédié fait face à une dissidence des partisans du RHDP, menée par le très médiatique ministre Kobenan Kouassi Adjoumani. Ceux-ci comptent bien peser lors de ce scrutin, avec un objectif : montrer qu’ils sont majoritaires au sein du parti.

L’enjeux pour Ouattara

« La victoire ou la défaite des partisans du parti unifié du RHDP, au PDCI, est l’un des enjeux du scrutin », commente le politologue ivoirien Sylvain N’Guessan. « Si les partisans du parti unifié remportent le scrutin, Bédié devra infléchir sa position et sera sans doute contraint de réexaminer sa décision de former une plate-forme de l’opposition contre le pouvoir du président Ouattara. Si ce sont les opposants au parti unifié qui l’emportent, les dissidents devront rentrer dans les rangs. »

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L’autre enjeu du scrutin est moins le taux de participation, habituellement faible lors des élections locales, que le score des partisans de l’alliance avec le parti au pouvoir.

Une victoire mitigée de ces derniers serait assimilée à un camouflet pour Alassane Ouattara, qui a personnellement présidé la cérémonie d’investiture des candidats du RHDP dont il est désormais le président. La victoire de ses poulains le conforterait au contraire dans sa stratégie actuelle, qui vise à préparer sa succession, tout en dégageant la route pour un potentiel dauphin qu’il n’a pas encore désigné.

Autre enjeu : le poids réel des indépendants. Majoritairement issus du parti présidentiel, dans son fief du Nord, ils comptent parmi eux, des partisans de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, qui n’a certes pas encore rompu avec son parti, mais se tient de plus en plus loin de ses activités.

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