Présidentielle au Cameroun : le septentrion sera-t-il le juge de paix de l’élection ?

Avec plus de deux millions d’électeurs potentiels, les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord sont au cœur des stratégies et des convoitises des candidats à la présidentielle du 7 octobre. Chronique d’une campagne où chacun espère se montrer plus « nordiste » que le concurrent.

Une femme inscrivant son empreinte digitale, lors de l’élection présidentielle à Yaoundé, au Cameroun, le 9 octobre 2011 (photo d’illustration). © Sunday Alamba/AP/SIPA

Une femme inscrivant son empreinte digitale, lors de l’élection présidentielle à Yaoundé, au Cameroun, le 9 octobre 2011 (photo d’illustration). © Sunday Alamba/AP/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 28 septembre 2018 Lecture : 4 minutes.

Au Cameroun, les indépendantistes font peser une menace sur la présidentielle du 7 octobre 2018. © Akintunde Akinleye/REUTERS
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Présidentielle au Cameroun : huit candidats dans la course

Huit candidats, dont le président sortant Paul Biya, s’opposent lors de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Un scrutin qui se déroule dans un contexte sécuritaire tendu, en particulier dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées par un conflit opposant le gouvernement à des séparatistes.

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En 35 ans de règne, Paul Biya a appris à se faire rare. Samedi 29 septembre, il tiendra son premier (et seul ?) meeting dans le cadre de la campagne pour la présidentielle, à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord. Candidat à sa propre succession, le chef de l’État y vantera son bilan, ses réalisations et y martèlera son slogan : « La force de l’expérience ». Difficile en effet de trouver plus expérimenté.

Pourquoi Maroua ? Paul Biya est en enfant du Sud, né à Mvomeka’a. Il n’a pourtant choisi ni Sangmélima, à une cinquantaine de kilomètres de son lieu de naissance, ni Ebolowa, la capitale régionale, ni même Yaoundé, siège de son pouvoir depuis tant d’années. Pour lancer sa campagne, le président a préféré l’Extrême-Nord. Tout sauf un hasard.

Biya et ses lieutenants

Alors que le Sud est acquis au président, l’Est est divisé et moins peuplé, tandis que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont paralysés par la crise anglophone au point que la bonne tenue de la présidentielle y est menacée. Dans l’Ouest, Maurice Kamto semble avoir pris une longueur d’avance, tandis que le Littoral se divise Joshua Osih (Social Democratic Front), Akere Muna (NOW) et Cabral Libii, qui vient d’y faire une démonstration de force à Douala.

Outre le Centre, où une foire d’empoigne s’annonce, c’est donc surtout le septentrion (Nord, Extrême-Nord, Adamaoua), qui reste à conquérir. Or, il représente le plus important réservoir de voix du pays (2,3 millions d’électeurs, sur 6,6 millions d’inscrits). Et chacun veut y faire sa place. Paul Biya, qui y débutera sa campagne, y compte sur ses lieutenants et soutiens pour rassembler ses troupes : Cavayé Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale et député du Mayo-Sava (Nord), Bello Bouba Maigari, ministre du Tourisme natif du Nord et président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, et Issa Tchiroma Bakary.

Bien s’informer, mieux décider

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