
Olivier Mahafaly (à dr.), lors de sa nomination comme Premier ministre, en 2016, au côté du président malgache Rajaonarimampianina. © Présidence malgache
Et de trois ! Après Jean Ravelonarivo le 4 août, puis Jean Omer Beriziki douze jours plus tard, c’est Olivier Mahafaly Solonandrasana qui, le 21 août, a confirmé sa candidature à la présidentielle de cette fin d’année.
L’annonce n’a pas surpris grand monde à Madagascar. Même s’il assurait encore en mars, ne pas vouloir y aller, les tractations au sein du HVM ces derniers mois, et plus encore sa démission le 4 juin sur injonction de la Haute cour constitutionnelle (HCC), l’ont convaincu de se lancer.
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Et s’il a conservé le silence au lendemain de son départ de la primature, c’était justement « pour mieux préparer cette candidature », précise-t-il lors de son passage à Paris début septembre. « Si j’étais resté dans mes fonctions jusqu’au bout, j’aurais certainement agit différemment », déclare encore l’ex Premier ministre, âgé de 54 ans, comme pour mettre un terme aux rumeurs persistantes de brouille entre lui et le président Rajaonarimampianina.
Il tient au contraire à souligner, « les excellentes relations de travail » qu’il a longtemps entretenues avec celui qu’il s’apprête pourtant à affronter dans les prochaines semaines. En cause selon lui, « l’entourage présidentiel » qui dès sa nomination, en avril 2016, semble vouloir sa peau.
Résilience et ténacité
Seul chef de gouvernement, sous l’actuel président, à avoir tenu deux ans en poste, Olivier Mahafaly Solonandrasana prouve encore sa résilience lors de « l’affaire Claudine ». Très proche de la première dame et donc de son amie, Claudine Razaimamonjy, il sort blanchi malgré les soupçons de corruption active et de collusion avec la justice dont il fait alors l’objet, ainsi que plusieurs de ses ministres. « Le Bianco [Bureau indépendant anti-corruption] ne m’a jamais inquiété », se défend-il aujourd’hui.
Il défraie également la chronique, au début de cette année, en se faisant voler, chez lui, pour l’équivalent de 200 000 euros d’ariary, sans être questionné sur l’origine de cet argent. « C’est l’habitude dans ce pays de salir l’image des gens », regrette-il.
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Lui préfère évidemment insister sur les réussites de son gouvernement, sur lesquelles il entend bien capitaliser dès les prochains jours. Puisqu’il ne peut se placer en opposant du président, il veut être celui qui comblera ses manques constatés, qui redressera une situation devenue compliquée. « Beaucoup reste à faire, en matière de lutte contre la corruption et l’insécurité », convient l’ancien responsable de l’exécutif. « Je n’étais qu’un exécutant », corrige-t-il, pointant du doigt ceux qui avaient l’oreille du président, pour expliquer certains échecs.
En quête du soutien des élus locaux
C’est pour réaliser sa propre vision qu’il se présente donc. Contrairement aux autres, il ne dit pas ce qu’il souhaite faire mais ce qu’il ne veut plus. « Plus de démagogie, plus de crise économique cyclique, plus de dépendance à l’aide extérieure… Mais davantage de décentralisation », résume l’ancien détenteur de ce portefeuille, qui parle même de fédéraliser, éventuellement, la Grande Île. Peut-être pour mieux flatter les élus locaux et territoriaux qui l’ont déjà pratiqué lorsqu’il était ministre de l’Intérieur d’avril 2014 à juin dernier.
Comme ses concurrents, il s’apprête à arpenter le pays pour prêcher sa bonne parole. Olivier Mahafaly Solonandrasana s’appuie pour cela sur son nouveau parti politique Orimbaton’I Madagascar (OM – [Refondation Madagascar]), qui compte déjà de nombreux élus des régions septentrionales de Sofia et de Diana, fiefs électoraux de ce natif de Nosy Be. En attendant les transfuges du HVM, qu’il attend à bras ouverts, après que le parti présidentiel, contrôlé par son ennemi intime, Rivo Rakotovao, se soit refusé à lui au printemps. Avec l’espoir, comme beaucoup d’autres candidats, de rassembler sur son nom les 12 % de votes qui pourraient suffire pour le qualifier au second tour du 19 décembre.
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