« La requête [de l’opposition] est rejetée (…) Emmerson Mnangagwa est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle », a annoncé Luke Malaba, le président de la Cour constitutionnelle. « En dernière analyse, la Cour estime que le requérant n’a pas présenté devant elle de preuves claires, directes et suffisantes » des irrégularités alléguées, a justifié le juge.
La commission électorale avait annoncé dans la nuit du 2 au 3 août la victoire d’Emmerson Mnangagwa en le créditant de 50,8% des suffrages, contre 44,3% à son rival du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. Arguant de nombreuses irrégularités, le MDC a contesté ces résultats devant la plus haute instance judiciaire du pays en déposant un recours le 10 août.
« Après les protestations violentes totalement inutiles, nous nous sommes félicités de la voie juridique que le MDC a finalement emprunté pour contester les élections », a écrit le président zimbabwéen sur son compte Twitter après l’annonce du rejet des recours de l’opposition. « Je répète encore une fois mon appel à la paix et à l’unité. Nelson Chamisa, ma porte est ouverte et mes bras sont tendus, nous sommes une nation, et nous devons mettre notre nation en premier », a-t-il ajouté.
After the wholly unnecessary violent protests, we welcomed the legal route which the MDC eventually took to challenge the elections. (1/4)
— President of Zimbabwe (@edmnangagwa) August 24, 2018
Le « nouveau Zimbabwe »
Emmerson Mnangagwa, bientôt 76 ans, a pris la tête du Zimbabwe en novembre dernier après la démission de Robert Mugabe, poussé à la démission par l’armée et son parti après un règne autoritaire de trente-sept ans. Le « crocodile », surnom de Mnangagwa, avait alors promis que le pays rentrait dans une nouvelle ère, celle du « nouveau Zimbabwe », « ouvert aux affaires ». Invitant pour la première fois depuis 2002 des missions d’observateurs internationaux pour assister au vote, le président zimbabwéen avait promis des élections crédibles et transparentes.
Des cas d’intimidations et de violences ont été rapportés lors de la pré-campagne, et le vote du 30 juillet a été marqué par un fort taux de participation, autour de 75%. Les observateurs sur place avaient par la suite vivement condamné la répression d’une manifestation de l’opposition, 48 heures après le vote. Une démonstration de force de l’armée venue ternir le bilan des premières élections depuis la chute de Robert Mugabe.