Politique

Côte d’Ivoire : les coulisses du tête-à-tête Soro-Ouattara

Un peu plus d’un mois après une rencontre tendue, Alassane Ouattara a reçu Guillaume Soro, mardi à sa résidence de Cocody Riviera Golf. La teneur des échanges semblent indiquer une normalisation des relations entre les deux hommes, même si la méfiance demeure encore de part et d’autres.

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Par - à Abidjan
Mis à jour le 9 août 2018 à 14:34

Alassane Ouatara et Guillaume Soro, à l’Assemblée nationale ivoirienne, le 5 octobre 2016. © REUTERS/Luc Gnago

Guillaume Soro a dû attendre plus de trois semaines après son retour du Canada et de la France pour être reçu en audience par Alassane Ouattara. Le Président ivoirien l’a reçu à sa résidence de Cocody Riviera Golf, mardi aux alentours de 17 heures.

Contrairement à la rencontre du 1er juillet, lors de laquelle l’atmosphère avait été très électrique entre les deux hommes, celle du 7 août a été cordiale et chaleureuse, à en croire ceux qui y ont assisté. « Tout s’est bien passé, il y eu même des éclats de rire », assure même un proche du chef de l’État. À la demande du Président Ouattara, l’audience a été élargie à Birahima Téné Ouattara, le frère cadet du président, qui est un proche de Guillaume Soro, ainsi qu’à Sidiki Konaté, le ministre de l’Artisanat.


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Amnistie et parti unifié

L’actualité politique – marquée par l’ordonnance d’amnistie annoncée lundi soir et, surtout, les élections locales du 13 octobre prochain – a été au cœur des échanges. L’ex-rebelle, qui avait téléphoné au président dès le lundi pour le remercier de l’amnistie accordée à son bras droit Souleymane Kamaraté Konaté, dit Soul to Soul, a réitéré ses remerciements de vive voix. « On dirait que l’opérateur Orange a rétabli la ligne entre le président et Guillaume Soro », s’amuse un proche du président de l’Assemblée nationale.


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Lors de leur échange, le chef de l’État a conseillé à Guillaume Soro de jouer collectif et de resserrer les rangs, en ne favorisant pas des candidatures en compétition avec celles du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti unifié voulu par le président qui peine à se mettre en place.

Interrogé sur son supposé rapprochement avec Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le président de l’Assemblée nationale a réaffirmé sa loyauté et son attachement au Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président.

Cependant, plusieurs proches de Guillaume Soro sont toujours en lice pour les élections locales, notamment dans la commune d’Abobo à Abidjan, à Séguéla, dans la région Centre-Nord ou encore à Ferké, dans le Nord.

L’option de la démission

Dès son retour de mission au Canada, mi-juillet, et après avoir séché l’Assemblée générale constitutive du parti unifié (RHDP) soutenu par Alassane Ouattara, Guillaume Soro avait introduit une demande d’audience à la présidence. Il prévoyait par la suite de rencontrer Henri Konan Bédié (PDCI) et d’organiser par la suite un hypothétique voyage à La Haye, au Pays Bas, pour y voir Laurent Gbagbo.

Selon les informations de Jeune Afrique, acculé par les pressions du camp présidentiel, Guillaume Soro a un temps mûri l’option de présenter sa démission. Mais, étant donnée la baisse de la tension dans les relations avec le Alassane Ouattara, il a finalement reconsidéré sa position.