
Le 23 juillet, à Bamako, lors d'une caravane citoyenne organisée par le Prgramme des Nations unies pour le développement. © REUTERS/Luc Gnago
Dimanche, les électeurs maliens se rendent aux urnes pour élire leur président. Ils ont le choix entre 24 candidats qui ont sillonné le pays du 7 au 27 juillet pour les convaincre. Retour sur une campagne électorale mouvementée.
Depuis vingt jours, affiches, spots publicitaires, apparitions médiatiques et meetings ont plongé le pays tout entier dans une ferveur particulière, qui s’est aussi transformée en polémique durant la dernière semaine de mobilisation. Le 20 juillet, Tiébilé Dramé, directeur de campagne de Soumaïla Cissé, principal rival du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, évoquait l’existence d’un fichier « parallèle » avec près de 1,2 million d’électeurs fictifs sur environ 8 millions d’inscrits. Et dénonçait également une « préparation de fraudes » de la part du gouvernement.
Jeudi dernier, le Premier ministre a donc rencontré des mandataires de candidats à la présidentielle afin d’échanger sur cette controverse. Sans succès. Une dizaine d’entre eux, dont le représentant de Soumaïla Cissé, ont quitté la rencontre, exigeant une réunion avec les candidats et la communauté internationale. Ce 28 juillet, à la veille du scrutin, une autre rencontre a eu lieu avec l’ensemble des candidats afin de rétablir la confiance entre les différents acteurs.
Les premiers résultats du scrutin maximum 48 heures après le vote
Les premiers résultats du scrutin sont attendus maximum 48 heures après le vote, et les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard. Le 12 août est la date prévue pour un éventuel second tour…
En attendant, c’est sur un air de fête que la campagne s’est achevée à Bamako, vendredi 27 juillet au soir. Les candidats ont réunis une dernière fois leurs militants avant de les appeler à voter dimanche. La pluie n’a par exemple pas dissuadé la centaine de partisans réunis sur la place du cinquantenaire, au bord du fleuve Niger. Les artistes se succèdent et dans la foule, les pancartes et les slogans appellent de leurs vœux le « Ta ko kelen », une victoire au premier tour du président sortant Ibrahim Boubacar Keïta.
Pour le dernier jour de campagne, l’alliance Ensemble pour le Mali (EMP) qui soutient la candidature de IBK a vu les choses en grand. Plusieurs députés et membres du gouvernement, dont le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, ont fait le déplacement. « J’ai trouvé un État presque inexistant. Aujourd’hui, il n’y a plus de guerre au Mali. Notre armée est mieux équipée », martèle IBK, vêtu d’un boubou blanc. « Et ils veulent faire croire le contraire dans une certaine presse étrangère », ajoute-t-il, faisant allusion à ses opposants.
De leur côté, les petits candidats ont été beaucoup moins visibles…
La veille, c’est à Mopti que le candidat Soumaila Cissé tenait un avant-dernier meeting, devant 10 000 militants, selon les organisateurs. « Notre nation est meurtrie et fracturée, notre république est affaiblie et fissurée, notre pays est humilié et paupérisé, notre pays va mal, il est même à l’agonie », a lancé Soumaïla Cissé dans un stade conquis à sa cause. « Mon programme est basé sur la recherche de la sécurité, la paix et la réconciliation des Maliens et entre les Maliens et les institutions de l’État qui ne sont pas aujourd’hui au service des populations malheureusement», a poursuivi le chef de file de l’opposition.
De leur côté, les « petits candidats », eux, ont été moins visibles. Housseini Hamion Guindo, président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) qui compte cinq députés au Parlement et a remporté 5% des suffrages à la présidentielle de 2013, dit avoir mené une campagne « directe ». Pas de tournée, aucun meeting, seules quelques affiches de lui dans le quartier populaire de Yirimadjo, sur la route de Ségou sont visibles.
La question de l’insécurité dans le centre du Mali
« Nous n’avons pas les même moyens que les deux principaux candidats mais nous comptons sur notre point fort : la Codem est un parti populaire. Je ne suis pas un homme à présenter. Je suis de Sikasso, ma famille y habite encore et je suis régulièrement sur le terrain. Pendant que les militants de base font campagne dans les régions, j’ai passé les deux semaines à Bamako, où je suis moins connu, pour convaincre », explique le candidat.
>>> A lire – Fichier électoral, sécurité, matériel de vote… Le Mali sera-t-il prêt pour la présidentielle du 29 juillet ?
La question de la campagne dans les zones du pays occupées par des groupes jihadistes et le centre où l’insécurité règne a finalement été résolue. Du moins, pour les gros candidats qui ont tous réussi à tenir un meeting dans chaque grande ville du pays, de Sikasso à Kidal. IBK et son principal challenger, Soumaïla Cissé, se sont par exemple tous deux rendus à Kidal, où ils ne s’étaient plus rendus depuis la campagne présidentielle de 2013.
Deux incidents sont à déplorer cependant. Une des équipes de campagne du riche homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo a été victime d’une attaque dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23, dans le cercle de Nara, près de la Mauritanie. Aucune perte en vie humaine n’est à déplorer, mais les assaillants ont volé trois véhicules et brûlé un quatrième.
Mercredi 25, c’est une équipe de la campagne de Soumaïla Cissé qui a été visée, dans le cercle de Gourma Rharous (Région de Tombouctou). Des Hommes armés non identifiés ont encerclé une réunion électorale. Aucune victime n’est à déplorer mais un véhicule a été dérobé par les assaillants, ainsi que des téléphones des responsables présents.
Des Peuls visés dans une attaque attribuée à des dozos
Le ministre de la Sécurité, Salif Traoré, a annoncé que 30 000 hommes (FMS, FAMAS, MINUSMA, Barkhane et groupes signataires de l’accord de paix), regroupés au sein d’un Comité de sécurité, seront déployés pour la sécurisation du scrutin le 29 juillet. À Kidal, c’est la CMA qui s’occupera de la sécurisation de l’élection le jour du vote.
Mais les violences persistent dans le centre du pays et pourraient avoir un impact sur la participation dans ces régions où les bureaux de vote sont parfois éloignés des villages. Mercredi, au moins trois civils peuls ont été tués lors d’une attaque attribuée à des chasseurs traditionnels dozos, selon des sources sécuritaires et associatives.
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