Mali : trois morts dans l’attaque du QG de la force conjointe G5 Sahel

Cet attentat-suicide a frappé vendredi pour la première fois le quartier général de la force antijihadiste du G5 Sahel à Sévaré, dans le centre du Mali. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans de Iyad Ag Ghaly a revendiqué cette attaque.

Des soldats maliens près de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre 2015 (photo d’illustration). © Jerome Delay/AP/SIPA

Des soldats maliens près de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre 2015 (photo d’illustration). © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 29 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Deux des auteurs de cette attaque sont également morts, dont un kamikaze à bord d’une voiture piégée.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué l’attentat dans un appel téléphonique de l’un de ses porte-parole à l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar, connue pour recevoir et diffuser régulièrement des communiqués de cette mouvance.

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Une attaque inédite

C’est la première attaque contre ce quartier général de la force militaire G5 Sahel – qui regroupe le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad. Elle intervient à trois jours d’une rencontre prévue à Nouakchott, en marge du sommet de l’Union africaine dans la capitale mauritanienne, entre le président français Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel.

Le dernier bilan s’élevait à deux militaires de cette force et un civil tués, selon les services du chef de l’État nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel, et le gouverneur de Mopti, chef-lieu de la région, le général Sidi Alassane Touré.

Le gouvernement malien a précisé dans un communiqué que les deux soldats tués appartenaient à son armée.

« Nous avons arrêté quatre suspects », a déclaré le gouverneur à l’AFP, ajoutant que les opérations de ratissage se poursuivraient jusqu’à l’aube.

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Les assaillants étaient au nombre de six et parlaient en bambara et en peul, a affirmé dans la soirée une source au sein de la force du G5 Sahel.

Selon le porte-parole du groupe dirigé par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, cité par l’agence, les assaillants ont utilisé une voiture piégée et des « infiltrés » pour perpétrer l’attentat.

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Tout le mur d’entrée a été soufflé par la déflagration, qui a projeté le véhicule à l’intérieur de l’enceinte, selon des témoins et les images diffusées après l’attaque.

Les bâtiments de couleur jaune et rose du poste de commandement de la force conjointe, opérationnel depuis octobre 2017, abritent des officiers de liaison des cinq Etats membres.

‘Conditions de sécurité précaires’

Dans des communiqués publiés à New York, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité ont condamné l’attentat « dans les termes les plus fermes » et menacé de sanctions ses commanditaires.

Dans un rapport sur la force conjointe publié en mai, Antonio Guterres, qui a visité le quartier-général de Sévaré il y a un mois, soulignait les vulnérabilités de plusieurs de ses installations au Mali, mentionnant la nécessité d’un « renforcement de son quartier-général à Sévaré ».

« Les conditions précaires dans ces sites et aux alentours représentent une lourde menace pour la sécurité, et retardent le déploiement du reste des contingents », selon le rapport.

« Il y a eu une très forte détonation », suivie d’échanges de tirs d’armes automatiques, ont indiqué à l’AFP des habitants, dont une vendeuse d’oranges, Haoussa Haidara.

Pendant l’attaque, nombre d’habitants de Sévaré étaient terrés dans leurs maisons, a témoigné l’un d’entre eux, Bouba Bathily, un commerçant.

« Solidarité avec nos partenaires africains avec qui nous poursuivrons sans relâche la lutte contre le terrorisme », a réagi la ministre française des Armées, Florence Parly.

Le président nigérien a pour sa part dénoncé une attaque visant « l’un des instruments essentiels pour la stabilisation de notre sous-région ».

La France, qui conduit au Sahel l’opération Barkhane de lutte contre les jihadistes, soutient la force du G5 Sahel, y voyant un possible modèle de prise en main par les États africains de leur propre sécurité.

Mais sa mise en oeuvre est marquée par des problèmes de financement, malgré des promesses de quelque 420 millions d’euros, et des accusations de violations des droits de l’homme.

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a annoncé le 26 juin qu’une enquête de sa division des droits de l’homme concluait à l’exécution sommaire de douze civils par le bataillon malien de cette force à Boulkessy » (centre).

Il ne s’agit pas de la première attaque de ce type à Sévaré. Le 7 août 2015, une attaque contre un hôtel de cette localité avait fait 13 morts, dont quatre étrangers –deux Ukrainiens, un Népalais et un Sud-Africain–, employés par des sous-traitants de la Minusma.

Malgré l’accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015, les violences jihadistes ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.

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