Madagascar : l’accord de la dernière chance qui a conduit Christian Ntsay à la Primature

Christian Ntsay a été nommé Premier ministre lundi 4 juin, à la surprise générale et au terme de longues négociations. Il devrait nommer un gouvernement de « techniciens » à même de sortir de la crise et de conduire le pays jusqu’à l’élection présidentielle.

Des manifestants à Antananarivo, le 25 avril 2018. © REUTERS/Clarel Faniry Rasoanaivo

Des manifestants à Antananarivo, le 25 avril 2018. © REUTERS/Clarel Faniry Rasoanaivo

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Publié le 5 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Après un dernier week-end de négociations, le président Hery Rajaonarimampianina a nommé, dans l’après-midi du 4 juin, Christian Ntsay pour être son nouveau Premier ministre. Il succède à Olivier Mahafaly Solonandrasana, en place depuis avril 2016 et qui avait annoncé sa démission le matin même.

« J’ai nommé un homme expérimenté et ayant les compétences pour l’apaisement », a déclaré le chef de l’État pour expliquer son choix et ainsi mettre un terme à une attente qui commençait à inquiéter de nombreux observateurs. Car « Hery » n’a pas hésité à dépasser l’ultimatum fixé au 1er juin, par les sages de la Haute cour constitutionnelle (HCC) qui, lors de leur décision du 25 mai, l’ont sommé de nommer un Premier ministre « de consensus », proposé par « le parti ou groupement de partis majoritaire lors des élections législatives de 2014 », soit le Mapar d’Andry Rajoelina.

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Longues négociations

Les noms qui circulaient jusqu’aux dernières heures du 3 juin n’avaient rien de consensuel pour le président qui a refusé de choisir entre Florent Rakotoarisoa, Jean Brunel Razafindrahofa ou Christine Razanamahasoa, anciens ministres de la transition ou actuels députés de l’opposition, mais tous membres du premier cercle des fidèles d’Andry Rajoelina.

Selon les observateurs présents lors des négociations entre la mouvance présidentielle et l’opposition, il a fallu attendre le lundi matin pour qu’un accord « de la dernière chance » ne se dessine autour de Christian Ntsay, à la surprise générale.

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Son nom a bien été proposé par le Mapar, alors que son parcours reste plus proche du TIM de Marc Ravalomanana, dont il a été ministre du tourisme de 2002 à 2003. Il vient surtout de passer dix ans en tant que directeur du bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT), installé à Antananarivo.

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« Grand commis de l’État »

Né en 1961, ce diplomate de formation, ancien directeur général des sociétés publiques Secren (chantiers maritimes) puis Solima (secteur pétrolier) et aujourd’hui sans étiquette, a une réputation de « grand commis de l’État, selon un fonctionnaire onusien qui le connaît bien, capable de rester au-dessus de la mêlée pour le bien de son pays ».

Madagascar attend  donc de ce spécialiste internationalement reconnu sur les questions d’emplois et de management, la mise en place d’un gouvernement de « techniciens », dont la tâche principale sera d’emmener le pays jusqu’à l’élection présidentielle attendue dans les tous prochains mois.

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Reste à savoir s’il aura les moyens de sa mission et de quelle équipe il disposera pour la remplir. Les négociations continuent de faire rage entre le HVM présidentiel, le Mapar et le Tim pour se distribuer les portefeuilles et l’identité des ministres ne devrait pas être dévoilée avant le 6 juin.

Il sera alors temps, pour Christian Ntsay de justifier l’unanimité qu’il vient de recueillir et d’œuvrer pour sortir le pays de la crise politique dans lequel il s’enfonce chaque jour un peu plus depuis la manifestation du 21 avril, qui avait fait au moins deux morts.

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